Faire grimper son taux de glycémie (taux de sucre dans le sang) en dégustant une glace, un gâteau ou une tartine de confiture n’est pas surprenant. Toute douceur digne de ce nom doit généralement son attrait gustatif à sa teneur en sucre. Ce qui est plus étonnant, en revanche, c’est de découvrir que l’on ingère aussi du sucre dans plus des trois quarts des aliments industriels, même salés, qui agrémentent nos menus. C’est en effet ce que révèle l’étude cosignée par l’Observatoire de l’alimentation (Oqali) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire, de l’environnement et du travail (Anses), publiée cette semaine. Après avoir passé au crible 54 000 produits alimentaires du quotidien présents sur le marché entre 2008 et 2020, les institutions ont constaté que 77 % d’entre eux contenaient au moins un ingrédient sucrant ou vecteur de goût sucré. Ainsi, on absorbe chaque jour, et à notre insu, des saccharoses, des fructoses, des glucoses, des hydrolysats d’amidon (sirop de glucose et de glucose-fructose), des jus de concentrés de fruits, du miel ou de la mélasse, intégrés dans la composition de 94 % des sauces condimentaires, 87 % des snacking surgelés, 84 % de la charcuterie, 81 % des sauces chaudes, 77 % des produits traiteurs frais, 71 % des plats cuisinés frais, 59 % des bouillons et potages, 59 % des plats cuisinés surgelés et 53 % des apéritifs à croquer. Un consommateur averti en valant deux, l’Anses encourage donc à lire attentivement la liste des ingrédients qui composent les « mets » de fabrication industrielle avant de les acheter.
Addition salée pour la santé
« Depuis plusieurs années, une augmentation du nombre de personnes présentant des problèmes de santé en partie liés à une consommation trop importante de produits sucrés est observée », précise l’Anses dans son bilan. Sont notamment cités l’obésité, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Sans oublier, bien sûr, la dégradation des dents, à savoir les caries. Les « faux sucres » d’origine végétale (stévia, sucre de bouleau) ou obtenus par synthèse chimique (aspartame, sucralose, acésulfame-K), quant à eux, ne sont pas exempts de dangers pour la santé. Pour rappel, une étude publiée à ce sujet en septembre 2022 par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren) mettait en évidence les relations délétères entre « aspartame et risque de maladies cérébrovasculaires » et « acésulfame-K/sucralose et risque de maladies coronariennes ».
Points positifs
Parmi les points positifs à retenir de cette étude, la « diminution significative du pourcentage de produits contenant des ingrédients sucrants au cours des dix dernières années, notamment pour les produits salés ». L’Anses souligne par ailleurs une baisse de l’utilisation d’édulcorants intenses comme l’aspartame qui « en dix ans environ est passée de 1,8 % à 0,4 % des produits ». Une diminution qui n’est toutefois pas suffisante car la surconsommation de sucres, tous types confondus, continue de créer des dégâts sur la santé.
Pour info
Dans son avis de 2016 sur l’apport en sucres, l’Anses recommande de ne pas aller au-delà de 100 g de sucres totaux par jour pour les adultes et adolescents. Pourtant, environ 20 % des adultes et 25 % des 13-17 ans dépassent aujourd’hui cette valeur, en France.
Quant à son avis de 2019 sur les repères alimentaires des enfants, l’Agence a considéré que les petits de 4 à 7 ans ne devraient pas consommer plus de 60 g sucres totaux par jour. Or, ce n’est pas le cas de 75 % d’entre eux, et 60 % des 8-12 ans dépassent la valeur seuil définie pour eux de 75 g par jour.