Généralement diagnostiqué pour la première fois à partir du deuxième trimestre de grossesse, le diabète gestationnel peut être transitoire et disparaître après l’accouchement. Il est toutefois le signe d’un essoufflement du pancréas : celui-ci ne sécrète pas assez d’insuline (l’hormone qui dégrade les sucres) au regard de la demande, laquelle est naturellement plus forte à cette période en raison d’une sensibilité moindre à l’insuline des tissus périphériques (le muscle, le foie, la graisse). Ce trouble de la tolérance aux sucres se traduit par une élévation de la glycémie (taux de sucre dans le sang) maternelle – plus de 0,92 g/l à jeun – et de celle du bébé, le glucose passant la barrière du placenta. Cette maladie touche 1 femme enceinte sur 6 (16 %), en France.
Complications immédiates
Si une hygiène de vie adaptée, centrée sur une activité physique régulière et une alimentation variée et équilibrée, ne suffit pas pour abaisser la glycémie, le diabète gestationnel justifie un traitement par insuline. Il faut retenir que dans ce cas, un tiers des accouchements se font par césarienne (contre 20 % en l’absence de diabète), et prématurément près de 1 fois sur 10. Les nouveau-nés ont également un risque doublé d’être de « gros bébés » (plus de 4 kg).
Il existe d’autres complications pour la mère, comme une hypertension artérielle gravidique (voir encadré « Surveiller sa tension »), voire un risque de prééclampsie (quand à l’hypertension s’ajoute la présence de protéines dans les urines, signe de souffrance rénale).
Dépistage obligatoire
Toutes ces complications soulignent la nécessité de dépister et, bien sûr, de traiter un diabète gestationnel, l’élévation de la glycémie se faisant à bas bruit (jusqu’au stade tardif).
Une prise en charge rapprochée réduit le risque immédiat pour le fœtus et sa mère, mais, surtout, influe sur les conséquences à moyen et long terme : faute de prise en compte, le diabète gestationnel de près d’un tiers des femmes devient un authentique diabète de type 2 dans les dix ans. La découverte d’un diabète pendant la grossesse permet donc d’éviter un diabète de type 2 dans les années qui suivent si des règles hygiénodiététiques sont mises en place à temps.
Grossesse et diabète de type 1
Le diabète de type 1 qui était autrefois une contre-indication à la grossesse, ne l’est plus. Les enfants nés de mères diabétiques de type 1 sont en bonne santé et ne présentent pas plus de malformations que les autres à condition, là encore, que ce diabète soit pris en charge au plus près et les glycémies parfaites dès la préconception.
Pour l’enfant
Pour le bébé, le repérage d’un diabète maternel et le retour à l’équilibre glycémique durant la grossesse sont indispensables. Les enfants nés d’une mère ayant développé un diabète gestationnel ont plus tôt que les autres un excès de poids, un diabète ou une hyperlipidémie (taux élevé de graisses dans le sang) parce qu’ils sont porteurs des gènes de leurs ascendants. Mais aussi parce que leur hygiène de vie est plus fréquemment délétère (ils partagent les mêmes repas et, donc, les mêmes erreurs diététiques, et ils n’ont pas d’activité physique régulière). L’épigénétique est également en leur défaveur (la déméthylation, transformation, des chromosomes produite par l’atmosphère sucrée est un facteur de surrisque de diabète).
Le bon moment
Un dépistage du diabète gestationnel est proposé habituellement entre la 24e et la 28e semaine de grossesse, voire dès le premier trimestre en cas de facteurs de risque comme l’âge (plus de 35 ans), un surpoids (IMC > 25 kg/m2), un diabète gestationnel lors de précédentes grossesses (identifié sur une glycémie trop élevée ou un bébé de plus de 4 kg) et/ou une histoire familiale (des apparentés du 1er degré) de diabète de type 2.
Un dépistage, au moins, doit être réalisé trois mois après l’accouchement pour s’assurer du retour à la normale de la glycémie.
Bien manger, bien bouger
Si diabète gestationnel il y a, alimentation équilibrée et activité physique régulière (minimum 30 minutes, trois fois par semaine) doivent être durablement inscrites au menu. En pratique, les sucres rapides doivent être évités au profit d’aliments à faible index glycémique. Les féculents doivent être répartis sur la journée, et les fruits, et plus encore les légumes, consommés à tous les repas pour leurs fibres qui ralentissent l’absorption des sucres. Indispensable encore, la surveillance glycémique à jeun et deux heures après les repas.
Si la glycémie n’est pas normalisée une semaine après, ce qui est le cas d’environ un quart des femmes, un traitement par insuline peut être indiqué.
Surveiller sa tension
À chaque consultation, la tension est prise pour dépister une éventuelle hypertension artérielle (HTA) gravidique (au-delà de 140/90 mm Hg), laquelle survient plus volontiers après le 4e mois. Œdèmes, prise de poids rapide, maux de tête doivent alerter. Cette HTA nécessite du repos et une surveillance régulière (idéalement par automesure à domicile). Des antihypertenseurs peuvent aussi être proposés.