C’est la très bonne nouvelle de ces dernières années. Le diabète de type 2 (DT2), celui que l’on acquiert habituellement à un âge mûr, bâti au fil des ans à la faveur d’une alimentation trop grasse et trop sucrée, souvent associée à une absence d’activité physique et à une sédentarité, peut se déconstruire, et pas seulement avec des médicaments. L’autre bonne nouvelle, c’ est que la personne touchée peut être actrice d’un changement de son mode de vie : celui-ci est alors conduit en fonction des objectifs, des risques propres et des objectifs de glycémie (taux de sucre dans le sang) fixés à deux, médecin et patient, pour qu’ils soient plus sûrement atteints.
Maladies associées
Le diabète, de type 1 (d’origine auto-immune, qui se déclare dès l’enfance) ou de type 2 (celui de l’âge mûr), concerne 4 à 5 millions de personnes en France. Un chiffre en progression constante, notamment aux âges extrêmes de la vie, soit avant 20 ans et après 70 ans. C’est le DT2 (92 % des cas de diabète) et son lot de complications que l’on peut enrayer. Il est formellement défini par un chiffre de glycémie situé au-delà du seuil de 1,26 g/l, mais il sévit déjà au stade de prédiabète (glycémie entre 1,10 et 1,26 g/l).
Par ailleurs, un diabète est rarement isolé mais accompagné de comorbidités qu’il convient d’identifier pour les traiter elles aussi, ce qui garantit une plus grande efficacité en termes de qualité de vie et de longévité… Les conséquences d’un diabète sont extrêmement variées, tant d’une personne à l’autre que chez un même individu. Chacune d’elles contribue à l’état de santé. C’est pourquoi il est utile de les considérer une à une et de les gérer en fonction des priorités.
Surveillance tous sites
Le DT2 se manifeste peu, au moins à ses débuts. Il reste toutefois la première cause de cécité, d’amputation et de dialyse (par défaillance des reins). Pour les deux tiers des patients, le décès est lié à des problèmes vasculaires, du cœur ou du cerveau. Le diabète réalise ainsi une atteinte, inédite, de tous les organes.
En plus du médecin traitant qui orchestre la prise en charge, une personne diabétique a affaire à plusieurs spécialistes qui veillent à la santé des yeux (le diabète attaque les microvaisseaux de la rétine), du rein, du cœur, des pieds… mais aussi du foie : un foie gras est la manifestation hépatique du syndrome d’insulinorésistance, facteur déterminant de la survenue d’un diabète, quand l’insuline sécrétée en moindre quantité est aussi moins efficiente. C’est pourquoi, en cas de diabète, il est utile de faire un état des lieux hépatique, une fois par an, avec une prise de sang, une échographie et, idéalement, un FibroScan (examen qui teste l’élasticité du foie et confirme ou non une fibrose, première marche vers la cirrhose).
Transmission inéluctable ?
Le risque de transmission d’un diabète de type 2 (DT2) est de 30 % si l’un des parents a effectivement un DT2 et si aucune mesure préventive par le mode de vie n’est adoptée. En plus des gènes de prédisposition, l’environnement est déterminant puisqu’avec ses gènes, on transmet aussi son mode de vie, son alimentation, sa sédentarité et son activité physique.
Activité physique régulière
Au-delà des facteurs génétiques (voir encadré ci-dessus), le mode de vie agit comme un révélateur. Le risque de devenir diabétique est diminué de moitié avec une hygiène de vie plus « vertueuse », plus efficace que n’importe quel médicament. Chaque jour, 30 à 40 minutes d’activité physique (endurance et résistance) sont recommandées, soit, par semaine, plus de 150 minutes d’activité aérobie d’intensité modérée à vigoureuse, ainsi que deux à trois séances hebdomadaires d’entraînement à la résistance, à la souplesse et/ou à l’équilibre.
Indispensable encore, une alimentation de type méditerranéen : fruits et légumes, céréales complètes, légumineuses, graines, poisson, produits laitiers. Perdre quelques kilos et gagner du muscle suffit à inverser la tendance.
À noter qu’un sommeil haché ou écourté, l’apnée du sommeil ou les insomnies sont délétères pour la qualité du contrôle glycémique (celui-ci est évalué sur le taux d’hémoglobine glyquée dans le sang qui rend compte des trois derniers mois de glycémie et, donc, de l’imprégnation sucrée de l’organisme).
« Innovations de rupture »
Si les modifications de l’hygiène de vie et la metformine (antidiabétique oral ancien qui accroît la sensibilité à l’insuline des cellules musculaires, notamment) restent la référence en première intention, on peut aujourd’hui leur greffer de nouvelles familles de médicaments, des « innovations de rupture » tant leurs effets sont intéressants, et proposées selon le profil des patients : l’association d’hypoglycémiants aux mécanismes d’action complémentaires paraît plus intéressante que le remplacement de l’un par l’autre. Agonistes du GLP-1 en injections hebdomadaires ou inhibiteurs du SGLT2 par voie orale calment le métabolisme entier : ils équilibrent le diabète et limitent les effets des comorbidités liées à ce diabète en améliorant le profil lipidique, en abaissant l’acide urique, en réduisant le poids (par augmentation de l’élimination urinaire du sucre ou par effet coupe-faim) et le risque d’un nouvel accident cardiaque, en « dégraissant » le foie, etc. On joue ainsi sur plusieurs tableaux.
Moins de sucre… et zéro tabac ?
À l’annonce d’un diabète, on peut avoir l’impression d’être noyé par les consignes. Pour ne pas s’y perdre, mieux vaut prioriser. Si l’on ne devait faire qu’une seule chose, ce serait d’arrêter le tabac, premier facteur de risque de décès. Le diabète accélère la survenue de complications liées aux atteintes des petits vaisseaux (de l’œil et des reins, notamment). L’équilibre de la glycémie est aussi plus difficile à trouver. Par ailleurs, si l’on est encore indemne de diabète, le tabac facilite son apparition, et davantage si l’histoire familiale et le mode de vie s’y prêtent.