L’obésité ? Une véritable maladie, chronique

L’obésité ? Une véritable maladie, chronique
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Au-delà d’un inconfort physique et psychologique, le surpoids, et plus encore l’obésité, est une maladie chronique, lestée de complications. À gérer comme telle, sur le long terme.

Près de la moitié (47,3 %) des Français sont en surcharge pondérale – environ 30 % en surpoids et 17 % en situation d’obésité. Des chiffres d’autant plus préoccupants que si la part des personnes en surpoids est relativement stable, celle de l’obésité croît très rapidement depuis quelques années. Plus inquiétant encore, l’augmentation plus marquée chez les plus jeunes. On observe aussi que les femmes sont les plus touchées par l’obésité (même si les hommes sont davantage en surpoids). Enfin, les catégories sociales les moins favorisées sont plus à risque de surpoids et d’obésité.

IMC et tour de taille

Pour évaluer le surpoids, on dispose de l’un indice de masse corporelle (IMC), calculé en divisant le poids par la taille au carré (IMC = poids en kg / taille² en m). Un indicateur qui a toutefois des limites car il ne tient pas compte de la répartition masse grasse/masse maigre. Les femmes ont ainsi par nature plus de masse grasse. Par ailleurs, certains sportifs sont très musclés et leur IMC explose. Pour une évaluation plus précise, mieux vaut donc se fier au tour de taille, marqueur significatif du risque cardiovasculaire : très élevé à partir de 88 cm pour les femmes et de 102 cm pour les hommes. Et pour cause, la graisse présente dans le ventre ne se limite pas au tissu adipeux visible (bourrelets). Elle enserre et emplit les organes (foie, cœur, etc.), ce qui fait sa gravité puisque les cellules adipeuses empêchent le bon fonctionnement de tous les tissus… provoquant alors diabète, hypertension artérielle, goutte, etc. Elle favorise également la survenue de cancers (sein, côlon, foie, etc.) ; en tout, 14 localisations pourraient être liées au surpoids et à l’obésité.

Génétique et environnement

Il est indéniable que le surpoids ne résulte pas d’un manque de volonté, mais de la combinaison d’une prédisposition génétique et d’un environnement favorable à son développement. Il s’exprime plus volontiers dans un milieu où la nourriture est abondante et les enfants trop sédentaires. La bonne nouvelle est que la trajectoire de la corpulence s’anticipe (voir encadré), sans injonction ni stigmatisation, et que l’on peut créer un environnement propice pour minimiser la prise de poids. Dans tous les cas, pour prévenir ou pour ne pas prendre davantage de poids, à tous les âges, il existe des solutions.

La chirurgie (retrait d’une partie de l’estomac, dérivation du tube digestif) n’est indiquée que dans des situations particulières (obésité très sévère et/ou comorbidités invalidantes liées au surpoids) et doit être accompagnée, y compris psychologiquement, avant, pendant et surtout après l’intervention et à vie, pour des résultats durables.

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Régimes à la trappe

On privilégie ici le bon sens, épaulé par un diététicien et son médecin traitant (qui peut, de surcroît, gérer les freins psychologiques). Pas de régimes restrictifs trop difficiles à tenir sur la durée : les cellules adipeuses ont de la mémoire et sont tenaces, prêtes à capter la moindre parcelle de gras au premier écart. On adopte des stratégies de long terme, on se crée de minuscules défis qui changent la donne. Comme faire l’impasse sur les aliments ultratransformés (gras et sucrés), manger à horaires réguliers et à sa faim en prenant le temps de bien mâcher les aliments, en conscience, ce qui permet de faire la différence entre faim et envie de manger.

Remise en mouvement

Une activité physique adaptée, sur prescription (mais non remboursée), est bien sûr conseillée*, quelle que soit sa corpulence. Le minimum pour rester en bonne santé ? Trente minutes cinq fois par semaine (en évitant deux jours « sans » consécutifs) associant endurance et renforcement ainsi que, deux à trois fois par semaine, assouplissement musculaire. Il en faudrait deux fois plus dans cette situation particulière de l’obésité.

La remise en mouvement doit se faire doucement, progressivement, mais sûrement, en tenant compte des limitations et des douleurs éventuelles, à traiter (chiropraxie, cures thermales, etc.).

Enfin, la sédentarité (souvent confondue à tort avec l’absence d’activité physique), soit le fait de rester assis ou allongé longtemps, est aussi un facteur de risque de prise de poids et cardiovasculaire.

De nouveaux médicaments ?

Les personnes en situation d’obésité ont fait les frais, en termes d’effets indésirables, de nombreux essais de traitements, aujourd’hui disparus.

Une nouvelle molécule, utilisée dans le diabète de type 2, a montré des effets amaigrissants : le sémaglutide. Il active la sécrétion d’insuline à l’ingestion de sucres, agit sur l’hypothalamus, dans le cerveau, en régulant l’appétit, et sur l’estomac en ralentissant la vidange gastrique, ce qui prolonge la sensation de satiété. Malgré des troubles gastro-intestinaux qui peuvent décourager, a priori, elle ne présente pas les effets secondaires qui ont conduit à l’arrêt de commercialisation des molécules testées jusqu’à présent…

* www.sports.gouv.fr/decouvrez-les-maisons-sport-sante-les-plus-proches-de-chez-vous-389

Zoom sur la courbe (de corpulence)

Un enfant prend naturellement du poids en grandissant, et ses courbes ne renseignent en aucune façon son avenir pondéral. Un poids un jour donné n’a pas non plus de valeur en soi tant les enfants sont différents. Ce qui compte, c’est la courbe de corpulence, c’est-à-dire l’évolution du poids et de la taille. C’est elle qui prédit le risque de surpoids à l’adolescence, puis à l’âge adulte.

L’enfant doit donc être régulièrement pesé, au moins deux fois par an, quelle que soit la corpulence apparente (trompe-l’œil parfois).

Jusqu’à 1 an environ, un nourrisson grossit plus qu’il ne grandit. Puis, il grandit plus qu’il ne prend du poids, jusqu’à 5 ans environ, âge auquel survient le rebond d’adiposité. Si celui-ci survient avant 5 ans, et surtout vers 3-4 ans, le risque d’être en surpoids dans les années à venir et à l’âge adulte est plus élevé.

À lire

La Vérité sur l’obésité, d’Hélia Hakimi-Prévot (Robert Laffont, 20,90 €). Pour comprendre l’épidémie et apprécier les limites des traitements, une somme (parfaitement digeste !) d’informations très sourcées.