La mélatonine, hormone miracle ou intox ?

La mélatonine, hormone miracle ou intox ?
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Que penser des propriétés de la mélatonine, la célèbre hormone du sommeil ? Quels sont ses réels bienfaits sur l’organisme ? Quand faut-il en prendre ? On démêle le vrai du faux.
 
La mélatonine, tout le monde en parle, mais qu’est-ce que c’est exactement ? Une hormone secrétée par l’épiphyse, une glande située au centre du cerveau. Transportée dans l’organisme par le sang, la mélatonine joue un rôle prépondérant dans la synchronisation de notre horloge interne et de nombreuses fonctions de l’organisme. Si son action sur le sommeil est avérée, elle est parée de nombreux autres bienfaits, certains allant jusqu’à dire qu’elle aurait un effet rajeunissant sur l’organisme. Qu’en est-il réellement ? Est-ce sans danger de prendre de la mélatonine en complément alimentaire ?
 

Les mécanismes qui activent la production de mélatonine

Les niveaux de mélatonine dépendent de plusieurs facteurs. Hérédité et âge impactent la production de l’hormone, qui se raréfie progressivement à partir de 50 ans. Son niveau est aussi et surtout affecté par la luminosité, et notamment l’exposition au soleil. Les photorécepteurs situés dans le cerveau activent la sécrétion de mélatonine lorsque la lumière baisse, favorisant ainsi l’endormissement à la nuit tombée. La lumière bleue émise par les écrans d’ordinateur, TV, tablette et autres smartphones stimule fortement ces photorécepteurs et inhibe la sécrétion de mélatonine, occasionnant les troubles du sommeil dont se plaignent nombre de digital addicts… tout comme les aveugles, chez qui les photorécepteurs ne fonctionnent pas, et qui ont souvent recours à des suppléments de mélatonine pour réguler son niveau dans leur organisme.  

Un remède contre la dépression ?

Les études menées sur les patients dépressifs montrent dans la majorité des cas des troubles importants du sommeil, avec des réveils précoces et anxieux, un temps d’endormissement allongé. Les chercheurs ont remarqué chez les personnes normales un pic de sécrétion de mélatonine vers trois heures du matin, beaucoup plus faible voire inexistant chez les personnes dépressives. La piste de la mélatonine dans le traitement de la dépression a été explorée pendant quelques temps, et a finalement abouti à la conclusion qu’il fallait agir à la fois sur la mélatonine et la sérotonine pour obtenir des résultats.  

La mélatonine, secret de la jeunesse éternelle ?

Cette piste a été défendue par deux chercheurs américains dans les années 90 dans un best-seller qui fit grand bruit. Le Miracle de la mélatonine (éditions Robert Laffont), des Drs Walter Pierpaoli et William Regelson suggère de consommer de la mélatonine après 50 ans pour retrouver le niveau présent dans l’organisme à 20 ans et la vitalité qui va avec. Sur quoi s’appuient-ils pour étayer cette proposition ? Leurs essais menés sur des souris ont montré que celles qui recevaient pendant 15 jours des compléments de mélatonine montraient des signes de rajeunissement : fourrure plus épaisse, activité motrice décuplée, assouplissement du corps… alors que celles n’ayant rien reçu continuaient à vieillir de manière visible. Une promesse bien alléchante… qu’aucune étude menée sur l’homme n’est venue confirmer à ce jour. Mais qui sait… ?  

Gare aux effets secondaires

La mélatonine étant en vente libre, d’aucuns pourraient être tentés d’en faire une large consommation « au cas où ». La communauté médicale alerte le grand public là-dessus et rappelle qu’on ne connaît pas les effets d’une prise continue, ni les effets secondaires sur les femmes enceintes et les enfants. La mélatonine pouvant entraîner de la somnolence et une perte de vigilance, les mêmes consignes de prudence que pour un médicament de classe 2 devraient être appliquées : ne pas conduire ou utiliser de machineries dans les heures qui suivent la prise.