Frédéric Lopez : « Je suis fasciné par l’authenticité »

Frédéric Lopez : « Je suis fasciné par l’authenticité »
Partager, imprimer cet article :
Par
Publié le
On lui doit quinze ans d’aventures humaines exaltantes en terres inconnues avec ses célèbres invités. Après quatre ans de pause, celui qui excelle dans l’art de transmettre l’émotion revient sur France 2. On l’écoute comme on se régale de la compagnie d’un ami bienveillant, un dimanche à la campagne, près du feu…

Un dimanche à la campagne, votre nouvelle émission, nous fait partager, dans une maison, un moment privilégié avec trois personnalités. Elle ressuscite à sa manière La parenthèse inattendue*. Pourquoi avoir fait ce choix pour votre retour à l’antenne ?

Frédéric Lopez : Pour dire vrai, je n’avais pas prévu de revenir à la télévision. La plupart des émissions que j’ai créées m’ont valu des années de combat avant de les voir aboutir. Je ne sais même pas si j’aurais encore cette énergie aujourd’hui… Quand la chaîne est venue me chercher en me demandant de reprendre La parenthèse inattendue le dimanche après-midi, j’ai eu le réflexe de me recroqueviller avant de refuser [rires]. Cela me semblait impossible de me retrouver à l’antenne toutes les semaines, de me remettre dans un tel rythme de travail avec la pression qui l’accompagne.

Quel déclic vous a permis de dépasser vos réticences ?

Ce qui a été mon moteur, c’est de savoir à quel point cette émission a inspiré les gens. Écouter les confidences d’artistes qui ont réalisé leurs rêves, accepté de se planter, réussi à se relever… Ces témoignages ont donné de l’élan à beaucoup de personnes pour oser et entreprendre. Si j’ai été capable d’apporter ça, cela suffit à me convaincre de recommencer.

Le succès ne vous a pourtant pas empêché d’avoir envie d’arrêter…

Quand on est devant les caméras, les autres attendent beaucoup de vous. Vous êtes soumis à une obligation de rendement et à la sanction des audiences. Être exposé, aussi à la critique, c’est accepter de devoir performer à tout prix. La compétition prend le dessus malgré vous. Je n’avais pas du tout envisagé ça et je ne l’ai pas bien vécu. Mon métier n’est pas d’être concurrentiel mais d’interviewer des gens, de m’intéresser à eux et de les mettre en valeur.

Vous avez souvent dit que la sincérité – ADN de vos émissions – était pour vous une valeur humaine presque plus fondamentale que les autres. En quoi vous touche-t-elle particulièrement ?

Je suis fasciné par l’authenticité. De manière générale, je suis touché par la confiance que l’on m’accorde. Dans mes émissions, je tâche d’être à la hauteur des confidences que l’on me fait parce que j’aime que la personne qui se livre soit comprise. Une personnalité qui choisit de se raconter me bouleverse. Et cette émotion n’est possible que lorsque l’on est sincère et que l’on accepte de se connecter à sa vulnérabilité. Le propre de l’être humain est de cacher ses fragilités en société, de faire en sorte d’assurer, quitte à faire semblant. Se montrer tel que l’on est, avec ses forces et ses failles, c’est cela qui m’émeut.

Être passé par la psychothérapie vous aide-t-il à sonder les autres ?

Je pense. J’ai suivi une psychothérapie pendant dix ans. L’introspection m’est familière. C’est assez naturel chez moi d’explorer les émotions, les parcours… Et en même temps, si l’on observe bien, je ne force pas à la confidence. Les invités décident de ce qu’ils me disent. Je ne fais que créer les conditions pour qu’ils aient envie de se raconter.

Vous créez le contexte qui invite à la confidence. Est-ce LA technique pour désamorcer la méfiance ?

Il n’y a pas de « technique » mais j’ai assez vite compris l’effet des neurones miroirs. Pour que le téléspectateur se sente bien, il faut que l’invité se sente bien. Et pour qu’il se détende, il faut que je le sois. Pour ça, je dois être dans un environnement qui me convient. Il est vrai que je me sens bien mieux à la campagne, dans la nature, qu’enfermé dans un studio de télévision. Une fois l’ambiance installée, l’échange vient naturellement. C’est ce que j’aime et que l’on appelle « l’humanité partagée ».

Vous dites vous sentir bien mieux à la campagne. Que vous apporte la nature ? 

Elle m’a appris à aimer la solitude et à calmer le rythme. J’ai une tendance à l’hyperactivité. Il était donc important que j’apprenne à ralentir. Ne rien avoir à faire, à prouver. On dit ça : « La nature n’attend rien de vous. » Et c’est vrai. La compagnie des arbres, par exemple, m’apaise. Ça me bouleverse depuis longtemps, mais encore plus depuis que l’on a découvert comment ils s’entraident, coopèrent, communiquent entre eux… On comprend mieux aujourd’hui la subtilité de leur univers. Je pense que l’humanité a beaucoup à apprendre du monde végétal.

La pratique de la méditation vous a-t-elle également apaisé ?

Je ne crois pas à l’idée que l’on puisse devenir une meilleure version de soi-même. On l’est d’emblée, quoi qu’il arrive. Nous passons tous notre vie à faire de notre mieux. J’étais quelqu’un de très anxieux. Pratiquer la méditation pleine conscience a changé ma vie dans le sens où elle m’a permis de vivre dans l’instant présent. Elle recentre sur ce que l’on sent ici et maintenant et permet d’accueillir les émotions, positives ou négatives, qui nous traversent. Plus on observe comment la peur, la tristesse ou la colère, par exemple, se manifestent physiquement, plus le ressenti se désagrège. Le simple fait d’y prêter attention calme le corps et apaise les pensées.

Vous pratiquez aussi l’autocompassion. En quoi cela consiste-t-il ?

Cette méthode apprend à se traiter comme on traiterait son meilleur ami, à accepter, apprécier, ses imperfections, à être indulgent à son égard. Les études ont montré que 80 % des gens sont plus durs avec eux-mêmes qu’avec les autres, et j’en faisais partie. J’ai longtemps été un perfectionniste maladif qui n’en faisait jamais assez. Contrairement à ce que l’on peut penser, ce trait de caractère n’est pas moteur. Car à trop vouloir se surpasser, on devient vulnérable. 

* Émission qu’il a animée entre 2012 et 2014. Le programme Un dimanche à la campagne reprend le même concept.

À VOIR

L’émission qui fait du bien

Le rendez-vous est fixé chaque dimanche dans le décor cocooning d’une maison de campagne. Là, comme un week-end entre amis, trois personnalités sans fard ni paillettes se retrouvent, se découvrent, se livrent et nous inspirent. Une parenthèse exquise au cœur de l’intime offerte sur un plateau par le plus chaleureux des animateurs.

Un dimanche à la campagne, chaque dimanche à 16 h 55 sur France 2 depuis le 23 octobre.

À MÉDITER

L’application qui accompagne

Si Frédéric Lopez enseigne l’art de l’autocompassion au centre Qee, à Paris, il est aussi ambassadeur des bienfaits de la méditation pleine conscience. À défaut d’avoir le privilège de méditer en sa compagnie, il est possible de se laisser guider via l’application Prezens sur les chemins de l’« ici et maintenant ».