Dès le préambule de votre dernier ouvrage Quel bonheur de vieillir !, vous dites que le plus important est d’accueillir l’âge comme un privilège. Comment êtes-vous arrivée à cette conclusion ?
Sophie Davant : J’ai pris conscience très tôt qu’il fallait recevoir chaque moment, chaque étape de la vie comme un cadeau. J’avais 20 ans quand ma maman est partie d’un cancer du sein foudroyant. Elle en avait 44. J’ai donc passé la plus grande partie de mon existence à vivre pour deux, pour elle et pour moi. Partant de là, en pensant à ma mère comme à tous ceux qui nous ont quittés trop tôt, je peux dire qu’avoir 60 ans est une chance et un privilège. Je suis aussi toujours frappée par ceux qui subissent les années comme des deuils du passé. J’estime au contraire que l’on peut appréhender le temps qui passe d’une autre façon. Je trouve qu’il vaut mieux prévenir que regretter.
Comment peut-on se montrer prévoyant à l’égard des années qui passent ?
À mon sens, il s’agit d’adapter ses activités, son environnement personnel ou professionnel à son âge et à ses possibilités. L’idée est de continuer d’être actif, quel que soit le nombre de bougies à souffler. C’est en cela qu’il faut prendre les devants et entretenir son énergie physique et mentale en prévision des années qu’il reste à profiter de la vie.
En termes de paraître, les injonctions sociales ne font pas de cadeau aux femmes ! Que conseillez-vous pour ne pas s’en soucier ?
La psychologue Marie de Hennezel, une des experts consultés pour la rédaction de mon livre, dit que la connaissance de soi vient avec l’âge. On a davantage conscience de qui l’on est et de ce que l’on veut profondément. Être devient la priorité, tandis qu’avoir et paraître passent au second plan. Je pense aussi que l’on peut tout mettre en œuvre pour rester en forme, active et séduisante le plus longtemps possible sans que la course au jeunisme devienne une obsession. N’oublions pas que plus le temps passe, moins il y a de contraintes familiales, professionnelles et sociales. Cette liberté ouvre le champ d’un tas de possibles.
Le bonheur de vieillir passe donc par un retour sur soi ?
Cela permet de rayonner de l’intérieur, mais l’important est de prendre du plaisir à s’occuper de soi tout en gardant le lien avec les autres d’une façon ou d’une autre. Cela peut par exemple passer par des activités physiques, culturelles ou humanitaires. C’est un moyen aussi de rester dans la séduction, dans la découverte et la curiosité. L’essentiel est de rester actif, même à la retraite. Cela conjure l’impression de vide, d’inutilité qui arrive souvent lorsque l’on arrête de travailler, et qui peut se révéler dévastatrice. L’après-carrière s’anticipe. Aborder cette nouvelle étape nécessite de s’y préparer physiquement et moralement, et, par conséquent, de s’entretenir grâce à une bonne hygiène de vie.
Parmi toutes les flammes de la vie qu’il faut apprendre à entretenir et/ou raviver, vous abordez également, dans votre livre, celle du couple…
C’est vrai. L’amour s’entretient aussi, mais différemment, sans se complaire dans les habitudes et la routine. Sur ce point, je pense qu’il est important de faire en sorte de rester dans le partage en faisant des choses ensemble ou en ayant des projets communs, comme des voyages.
Il y a dix ans, vous publiiez un livre sur les atouts de la cinquantaine. Quelle est pour vous la différence majeure entre 50 et 60 ans ?
Comme je me sens aussi en forme qu’à 45 ans, je n’ai pas l’impression d’avoir tellement changé physiquement, même si je me fatigue peut-être un peu plus facilement et que j’ai quelques douleurs en plus quand je fais du sport. [Rires !] Ce sont ces petites choses qui rappellent parfois à l’ordre. À part ça, il y a bien sûr le cheminement psychologique qu’une décennie supplémentaire permet de parcourir. On se sent encore plus libre dans sa tête. Certaines épreuves ont été traversées, les enfants ont quitté le nid… Certaines femmes vivent ce cap comme un deuil, pas moi. J’ai vécu leur départ comme une libération. C’est la femme célibataire que j’étais à l’époque qui vous parle. J’avais l’impression d’habiter chez eux et pas l’inverse. [Rires !] Aujourd’hui, je suis très proche d’eux et c’est un vrai bonheur de savoir qu’ils aiment passer du temps avec moi le week-end.
À propos de compagnie, vous cherchez souvent celle de la nature et évoquez dans vos interviews vos promenades sur la plage, près de votre refuge normand, avec votre chien Raoul. Que vous apporte cette connexion avec les éléments ?
C’est ma manière à moi de faire de la méditation. Lorsque vous marchez seule, c’est comme si vous vous posiez sur les rives d’un cours d’eau et que vous laissiez défiler vos idées, vos pensées négatives, vos blocages, votre semaine… En laissant passer tout ça dans votre cerveau, vous évacuez le superflu et faites une sorte de reset, de remise à niveau mentale. C’est en tout cas l’effet que ça me fait lorsque je me promène en regardant la mer, les arbres ou les oiseaux, ou quand je fais des longueurs à la piscine.
C’est en marchant sur la plage que vous avez pris la décision de quitter la télévision pour la radio ?
Entre autres ! La décision n’a pas été simple à prendre mais je ne voulais pas passer à côté de la chance qu’Europe 1 m’offrait. Pour ce qui est de la télévision, je travaille actuellement sur un projet d’émission hebdomadaire avec France 3 sur les animaux de compagnie. Je vais aussi sans doute continuer à présenter le Téléthon et peut-être quelques prime time événementiels. La retraite n’est pas pour tout de suite, même si j’ai déjà quelques idées sur la manière dont je l’occuperai… [Rires !]
À lire
Sous la plume d’une soixantenaire rayonnante, l’art du bien-vieillir devient un jeu d’enfants ! À mi-chemin entre confessions intimes, guide pratique inspirant et conseils d’experts avisés, cette ode à la maturité signée Sophie Davant aborde tous les sujets qui permettent d’avancer dans l’âge avec joie et sérénité. Au sommaire : sport, alimentation, forme, beauté, amour, sexualité, spiritualité, transmission…
Quel bonheur de vieillir ! de Sophie Davant (Solar, 19,90 €).
Les copains d’abord
Aux manettes de Sophie & Les Copains depuis le 28 août, sur Europe 1, Sophie Davant s’entoure de chroniqueurs experts (Magalie Ripoll, Caroline Margeridon, Lio, etc.) et de personnalités pour parler histoire, sciences, littérature, patrimoine, sport, art… Le tout dans une ambiance amicale, chaleureuse et musicale. De leur côté, les auditeurs attentifs ont la possibilité de remporter la cagnotte du jour en répondant aux quiz animés par cette fine équipe.
Sophie & Les Copains, du lundi au vendredi de 16 h à 18 h, sur Europe 1.