Vous avez dit… Lapeyronie ?

Vous avez dit… Lapeyronie ?
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Cette pathologie, qui provoque une courbure de la verge, est vécue comme un traumatisme par les patients qui en souffrent. Le Dr Marc Galiano, chirurgien urologue et andrologue, nous éclaire sur les solutions.

La maladie de Lapeyronie est un traumatisme de l’albuginée, l’enveloppe des corps caverneux de la verge qui est constituée de tissu conjonctif. Comment cela se produit-il ? « Le plus souvent lors des rapports sexuels, par exemple dans la position d’Andromaque [la femme est à califourchon sur l’homme allongé sur le dos, NDLR]. ­L’albuginée se fissure, puis s’ensuit une micro-­hémorragie, provoquant une réponse inflammatoire nécessaire à toute cicatri­sation. Cette dernière prend la forme d’une plaque compo­­sée de collagène. C’est ce nodule fibreux cicatriciel qui évolue vers une déformation de la verge en érection », explique le Dr Marc Galiano. La pathologie peut aussi se développer à la suite de micro­traumatismes répétés chez des sujets prédisposés génétiquement ou atteints de la maladie de Dupuytren (épaissis­sement de la paume de la main aboutissant à une flexion progressive et irréductible d’un ou plusieurs doigts) pour 40 % d’entre eux, de maladies vasculaires, ou encore de diabète.

Quels symptômes ?

La douleur lors de l’érection est perçue par 40 % des patients après le traumatisme. Cette phase inflammatoire peut durer six mois. Parfois de forte intensité, elle peut aussi se caractériser par une simple gêne au cours de l’érection ou du rapport sexuel. Dans 60 % des cas, la mala­die de Lapeyronie se développe sans douleur. Et ce n’est que lorsque le patient constate une incurvation de son pénis (déformation dorsale vers le ventre dans 80 % des cas) lors des érections ou qu’il déplore une insuffisance érectile qu’il prend la décision de consulter.

Quelles solutions ?

« Ce traumatisme, qui évolue rapidement et s’aggrave dans la majorité des cas, ­s’accompagne d’un important retentis­sement psychologique qui peut empêcher une sexualité épanouie. Plus tôt on consulte, mieux c’est », encourage l’expert. Lors de la phase inflammatoire, le méde­cin prescrit des antalgiques et des ondes de choc, associées ou non à des injections dans la plaque, afin de stop­per la  dou­­leur et blo­­quer l’angulation de la verge. Selon la taille de la plaque, ­l’importance de la déformation de la verge et de la dysfonction érectile, une chirurgie peut être envisagée.

Consulter un spécialiste, c’est essentiel !

Contrairement à ce qu’il est parfois dit, la maladie de Lapeyronie ne touche pas que les hommes les plus âgés (ceux de 30 ans sont aussi à risque), et la vitamine E seule ne suffit pas à freiner la courbure de la verge. Quant à la guérison spontanée, elle concerne moins de 10 % des patients. D’où l’intérêt, en cas de doute, de douleur, de déformation, de consulter sans attendre un spécialiste pour avoir un diagnostic précis et une prise en charge personnalisée.