Les articulations, ces zones d’union sensibles aux conflits

Les articulations, ces zones d’union sensibles aux conflits
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Sans des articulations saines, en bon état de marche, difficile de se mouvoir naturellement, sans souffrance. Alors, on en prend soin, dans la mesure du possible.

Dans ce que sont les « jointures », on trouve différentes structures qui sont toutes susceptibles d’être lésées, par un événement traumatique, une blessure, ou sur un mode chronique par une pathologie inflammatoire.

Joyau technique

Sur l’os se trouve un tissu de revêtement lisse, le cartilage, qui améliore le glissement articulaire et sert d’amortisseur quand l’articulation est mise à l’épreuve. Celle-ci est maintenue par une capsule fibreuse qui s’arrime de part et d’autre des os pour éviter les luxations. En appoint de la capsule, des ligaments relativement élastiques stabilisent l’articu­lation. Pour mieux la fixer, on peut aussi compter sur les muscles pour empêcher les mouvements incontrôlés et, bien sûr, bouger. Une articulation peut souffrir aux points d’insertions (les enthèses) dans l’os, des tendons, des ligaments ou de la capsule articulaire. Enfin, au sein de l’articu­lation, la membrane synoviale qui tapisse celle fibreuse de la capsule et sécrète la synovie, le liquide articulaire qui fluidifie le mouvement, et qui sert à balayer les corps étrangers qui pourraient s’y trouver

Effet domino

On comprend combien la fragilité de l’un des éléments peut compromettre le mouvement. Ce peut être par accident : dans ce cas, l’articulation étant un tissu comme un autre, elle se répare et cicatrise plus ou moins rapidement selon l’âge et le contexte, parfois avec l’aide du bistouri. Mais très souvent, elle souffre d’une usure du cartilage, rendant les pressions subies lors des mouvements plus insupportables. Ce que l’on appelle « arthrose » n’est pas réservé qu’aux plus âgés… En effet, l’arthrose résulte d’un mécanisme d’autodestruction, actif, qui implique tous les tissus de l’articulation, soit le cartilage, l’os immédia­tement en dessous et la membrane synoviale. Lorsque ce cartilage, tissu vivant, est trop sollicité, par exemple parce que l’articu­lation est instable (un ligament rompu) ou que l’on est en surpoids, il s’use plus vite que la normale. Comme ses capacités de réparation sont limitées, l’arthrose prend alors ses marques.

Usure de l’os

Cela dit, l’arthrose n’est pas seulement un problème mécanique. Elle peut aussi être consécutive à une blessure ou une sur­charge pondérale. Et elle survient d’autant plus facilement que les tissus cicatrisent moins bien avec l’âge.

Du paracétamol à la pose d’une prothèse (possiblement en ambulatoire !), il existe tout un éventail de solutions adaptées à chacune des phases de la maladie. En dehors de la prothèse, aucune ne guérit. Toutefois, elles soulagent, ce qui permet de récupérer une bonne qualité de vie.

Le remède le plus efficace en cas de sur­poids ? Perdre quelques kilos ! On peut accompagner ce cercle vertueux de la remise en condition par une activité phy­sique adaptée (APA), des cures d’anti-arthrosiques d’action lente, à base de chondroïtine, de glucosamine et d’acide hyaluronique, structurants du cartilage. Des plantes anti-inflammatoires comme l’harpagophytum, la reine-des-prés et l’ortie permettent d’améliorer encore le confort articulaire.

Un stade au-dessus, la viscosupplémen­tation, soit l’injection d’acide hyaluronique directement dans l’articulation douloureuse. Ces injections, efficaces pendant un certain temps, permettent de repousser de quelques années la mise en place d’une prothèse.

Auto-immunité

En tête des rhumatismes inflammatoires, la polyarthrite rhumatoïde (PR), une maladie auto-immune qui, comme beaucoup d’entre elles, touche essentiellement les femmes (4 pour 1 homme). Déclenchée par le tabagisme surtout, et révélée par des chocs émotionnels, des bouleverse­ments hormonaux ou des défenses immunitaires chahutées, cette affection apparaît le plus souvent à la ménopause. Elle est caractérisée par une inflammation de la membrane synoviale qui, si elle n’est pas arrêtée, entraîne une destruction des articulations.

On doit y penser face à un faisceau de signes articulaires, et plutôt des petites articulations, mains et poignets notamment, de façon symétrique : gonflement, douleur de type inflammatoire et particulièrement le matin, et raideur pendant au moins 30 minutes doivent inciter à consul­ter un médecin rapidement. Des analyses biologiques (tests immuno­logiques et marqueurs inflammatoires) permettent de confirmer le diagnostic. En plus des traitements de la poussée (anti-inflammatoires et antalgiques), les patients bénéficient de trai­tements de fond qui préservent l’articu­lation. Ces médicaments (biothérapies) ciblent les cytokines, des protéines qui emballent la réaction inflammatoire. Lupus, spondylo­arthrite, rhumatisme psoriasique, etc., sont aussi des rhumatismes inflammatoires chroniques dont le pronos­­tic a été transformé par ces biothérapies.

Bouger ?

Oui, dans la limite de sa douleur, bien sûr… Ne pas solliciter l’articulation freine la construction du cartilage et accélère sa destruction.

On se jette à l’eau thermale !

Les maladies articulaires sont d’excellentes occasions de tester les cures thermales. Entre les bains d’eau thermale (soufrée ou salée), l’application de boues chaudes et de vapeurs thermales, la kiné
à sec et dans l’eau, les exercices de mobilisation en piscine et les massages, le traitement thermal d’une arthrose est bien codifié. Les soins « chauds » permettent d’assouplir les muscles, et les massages de calmer les douleurs et de faciliter la mobilisation. Un travail qui se poursuit dans l’eau, en apesanteur. L’efficacité de la cure a été scientifiquement mesurée pour l’arthrose de genou, par exemple, sur la baisse de la consommation d’antalgiques et l’augmentation du périmètre de marche.