La ménopause, on en parle ?

La ménopause, on en parle ?
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L’arrêt des menstruations et leurs conséquences reviennent chaque 18 octobre sur le devant de la scène sanitaire. Instaurée par l’Organisation mondiale de la santé, cette journée qui vise à sensibiliser et informer les femmes concernées met cette année l’accent sur la levée des tabous et la réhabilitation des thérapies hormonales de substitution.

Chaque année, en France, 500 000 femmes entament une nouvelle étape de leur vie. À l’approche de la cinquantaine, l’activité ovarienne, la production d’œstrogènes et les cycles menstruels amorcent un ralentissement avant de marquer leur arrêt définitif. En attendant, 50 à 80 % ont affaire à des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes, des troubles du sommeil et de l’humeur, une sécheresse de la peau, des cheveux et du vagin, voire des maux de tête, de la fatigue, une prise de poids… Le problème est que, dixit l’étude Essity de 2023, 1 Française sur 2 découvre au moment où elle le vit que la ménopause (qui s’installe après 12 mois consécutifs sans menstruations) est un processus naturel qui marque la fin de la fertilité. La moitié des femmes en périménopause n’identifie donc pas les symptômes et ignore tout de l’impact de ce chambardement sur la santé future, tant sur un plan physique que psychique et émotionnel. C’est pour cette population que la Journée mondiale de la ménopause a été créée. Organisée par l’Organisation mondiale de la santé chaque 18 octobre, elle appelle à donner à la santé après la ménopause une place primordiale dans la recherche et la santé publique. L’édition 2024 ajoute à cet objectif celui de briser les tabous et de promouvoir une meilleure prise en charge médicale.

En parler pour avancer

Cause commune à tous les acteurs du secteur, la ménopause ne doit plus être un sujet tabou. Scandé à l’unisson, le message insiste sur l’importance de sensibiliser les médecins à l’écoute des symptômes de la ménopause de leurs patientes en vue de leur proposer un accompagnement individualisé. « La parole s’est récemment libérée autour de la ménopause et des souffrances que peuvent ressentir les femmes à cette période de leur vie. Il appartient aux médecins d’aborder spontanément le sujet en consultation et d’amener la femme à exprimer son ressenti pour lui proposer l’accompagnement thérapeutique le plus adapté », souligne Isabelle Héron, présidente de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM). Dans ce sens, la FNCGM a mis en place, depuis septembre 2024, « Les RDV Ménopause » sur l’ensemble du territoire afin de sensibiliser le monde médical et d’accompagner au mieux les femmes concernées.

Réhabiliter le THM

Sur les 14 millions de Françaises concernées par la ménopause (chiffre Insee de 2023), seulement 6 % d’entre elles bénéficient actuellement d’un traitement hormonal de la ménopause (THM), qui combine un œstroprogestatif et un progestatif. Ils sont prescrits à des femmes dont les symptômes sont particulièrement invalidants mais surtout à celles qui ne présentent aucune contre-indication médicale (antécédent de cancer du sein ou d’AVC). Pour rappel, pour les patientes pour lesquelles le THM est contre-indiqué ou qui ne souhaitent pas en prendre un, il existe des traitements non hormonaux pour soulager les symptômes.

Malheureusement, cette prise en charge médicale a considérablement chuté en 2002 (moins 74 % entre 2002 et 2012) après la publication des résultats de l’étude américaine WHI (Women’s Health Initiative) qui pointait « des risques cardiovasculaires et de cancer du sein associés au traitement ».

Mais l’étude ne portait pas sur la bonne population (essentiellement des femmes de plus de 60 ans, donc à plus de dix ans de leur ménopause, et dont la majorité était en surpoids voire obèse) et le traitement était différent de celui proposé en France. Les résultats de cette étude américaine ont fait grand tort au THM. Vingt ans après, malgré des études françaises qui font état d’une balance bénéfice/risque favorable pour les femmes de 50 à 60 ans et les nouvelles recommandations émises par les sociétés savantes en 2021, la prescription de THM reste très largement insuffisante.

Pour info

  • 87 % des femmes ménopausées présentent au moins un symptôme climatérique à la suite de l’arrêt des règles.
  • 20 à 25 % souffrent de troubles sévères qui affectent leur qualité de vie (douleurs articulaires, prise de poids, atrophie vulvovaginale, insomnie).