Certes, le risque d’être contaminé par des parasites digestifs est moins important chez un chat vivant exclusivement en intérieur que chez un chat qui sort, chasse et fréquente ses congénères, mais il est loin d’être nul.
Des parasites dès la naissance
En Europe, plus de 25 % des chatons et 15 % des chats adultes hébergent des ascarides dans leur tube digestif. Le plus fréquent de ces vers digestifs s’appelle « Toxocara cati » et peut atteindre 20 cm de long. Une femelle adulte peut pondre jusqu’à 200 000 œufs par jour, lesquels sont excrétés avec les selles du chat. Ces œufs, très résistants, gardent leur pouvoir infestant pendant plusieurs années ; ils contribuent à contaminer durablement l’environnement de l’animal.
La contamination du chaton par les ascarides peut intervenir très rapidement après la naissance : si ces parasites sont présents chez la mère, le chaton va ingérer des larves dans le colostrum, puis dans le lait. Les larves entament alors une migration qui conduit les parasites dans l’appareil respiratoire, puis dans l’intestin grêle. Progressivement, des larves s’enkystent dans différents tissus de l’organisme où elles peuvent survivre entre plusieurs mois et plusieurs années.
À l’occasion d’un stress ou d’une baisse de l’immunité chez l’animal, des larves peuvent se réactiver et reprendre leur migration jusqu’au tube digestif. À n’importe quel moment de sa vie, un chat d’intérieur peut donc héberger des ascarides dans son intestin.
La réactivation des larves se produit aussi lorsqu’une chatte attend des petits. Les ascarides migrent jusqu’aux mamelles et contaminent le lait.
Quand des parasites s’invitent à la maison…
Il a été prouvé que des œufs de Toxocara cati pouvaient être présents sur les coussinets des chiens et sur les semelles des propriétaires ! Une fois ramenés au sein du foyer, ces œufs peuvent infester les chats qui y vivent.
Un chien peut également ramener des puces de ses sorties à l’extérieur. Ces insectes peuvent facilement contaminer le chat lorsque celui-ci se lèche et se mordille pour soulager les démangeaisons. Les puces qu’il ingère à cette occasion sont susceptibles de lui transmettre des parasites digestifs, notamment le ténia Dipylidium caninum. Des puces – et les parasites qui vont avec – peuvent aussi être déjà présentes dans une maison où l’on emménage ! De même, le simple passage de visiteurs avec un chien est une autre façon pour ces parasites de s’introduire dans un nouveau lieu.
Enfin, si vous donnez de la viande, des abats, du poisson crus à votre matou, une contamination parasitaire est possible.
Protéger l’animal et l’homme
Chez les chiens et les chats, le risque de résistance aux molécules antiparasitaires est aujourd’hui faible, mais l’aspect environnemental ainsi que la question de la sécurité de l’utilisateur prennent de plus en plus d’importance. Pour protéger la santé des animaux de compagnie et celle de leurs propriétaires, les traitements antiparasitaires préventifs sont encouragés, mais la stratégie de traitement doit évoluer.
Le chat est-il vraiment toujours à l’intérieur ?
Il est important de repérer des facteurs de risque particuliers chez les chats dits « d’intérieur ». Ceux qui ont accès à un balcon ou une terrasse peuvent chasser des oiseaux ou des lézards. Or, ces proies sont des vecteurs de parasites.
Si un chat vit en appartement mais que son propriétaire l’emmène en vacances ou en week-end, le lieu de séjour peut être synonyme de risque de contamination par des parasites. Ce risque est maximal si le chat doit rester en pension quelques jours ou quelques semaines.
Vermifuger selon le niveau de risque
Chaque situation est unique et il existe de grandes différences de niveau de parasitisme entre les individus, sans compter les variations saisonnières (les plus fortes infestations sont observées de l’été à l’automne). Difficile, donc, de préconiser un traitement valable pour tous les chats, quel que soit leur mode de vie. Il est habituellement conseillé de vermifuger son chat une fois par trimestre, au moins, mais actuellement, les experts recommandent plutôt de le faire lorsque c’est nécessaire.
Comment savoir si c’est le cas ? Par des coproscopies régulières. Cet examen de selles peut révéler la présence d’œufs de parasites et, surtout, les identifier. Dans de nombreuses cliniques vétérinaires, les analyses coproscopiques sont automatisées et très faciles à réaliser. Si le mode de vie de l’animal ne change pas, un à deux contrôles par an suffisent.
Les résultats permettent de déterminer le traitement qui ciblera les parasites réellement présents chez le chat, et de faire évoluer le protocole de vermifugation en fonction du niveau de risque.
Ne pas redouter de vermifuger son chat !
De nombreux propriétaires rechignent à vermifuger leur matou car il est particulièrement doué pour prendre la fuite au moment du traitement ou recracher les comprimés ! N’hésitez pas à questionner votre vétérinaire sur les différentes formes galéniques disponibles.
En la matière, vous avez le choix entre des comprimés appétents, des pâtes à faire avaler à la seringue, des sirops, des pipettes à appliquer sur la peau, etc. Optez pour la formulation qui vous semble la plus pratique, l’important étant que le vermifuge soit bien absorbé et le chat débarrassé de ses hôtes indésirables.
Lisez toujours le mode d’emploi : sauf indication contraire, il est préférable de donner à manger au chat juste après le vermifuge. L’efficacité en sera meilleure car le produit actif reste plus longtemps au contact des parasites dans l’intestin. La plupart des produits sont à administrer en une seule fois, mais la lutte contre les ténias nécessite parfois de traiter trois à cinq jours d’affilée. Respectez à la lettre la durée de traitement prescrite.
Lorsqu’un chat est porteur du ténia Dipylidium, il doit recevoir un vermifuge actif contre les vers plats. Ce traitement permet de soulager les démangeaisons anales et d’éviter la dissémination du parasite dans l’environnement. Il est également indispensable de traiter le chat contre les puces puisque le cycle de vie de ce ténia passe obligatoirement par ces insectes. Si les puces ne sont pas éliminées, le chat se recontaminera rapidement…
Les ascarides du chat sont transmissibles à l’homme
Si un chat infesté par des ascarides fait ses besoins dans une litière et que la personne qui nettoie le bac ne respecte pas des règles d’hygiène suffisantes, le risque d’ingestion accidentelle d’œufs n’est pas négligeable. Or, lorsqu’un humain avale un œuf d’ascaride, celui-ci libère une larve microscopique qui va migrer dans les organes internes. Chez l’adulte en bonne santé, les conséquences sont en général moindres, mais chez l’enfant ou une personne dont le système immunitaire est affaibli, une maladie plus grave, la toxocarose, peut se développer.