Cancer du poumon : les femmes en danger

Cancer du poumon : les femmes en danger
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Menée pendant un an par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), l’étude Cascade montre que la même consommation de cigarettes expose davantage les femmes que les hommes au risque de développer une tumeur pulmonaire.

Fumer une cigarette soumet les voies respiratoires aux effets délétères de 2 500 composés chimiques et de 5 300 substances toxiques. Voilà pourquoi le tabagisme régulier a des conséquences dramatiques pour les poumons. À commencer par ceux des femmes, qui risquent davantage que les hommes de développer un cancer. C’est ce que viennent de révéler les résultats de l’étude Cascade. Démarrés en avril 2022 à l’initiative de l’AP-HP, ces travaux menés par Marie-Pierre Revel, cheffe du service de radiologie à l’hôpital Cochin et effectués sur 2 400 volontaires par scanner thoracique faible dose, se sont conclus par un taux de dépistages positifs au cancer deux à trois plus élevé chez les fumeuses que chez les fumeurs consommant la même quantité de tabac. À savoir, au moins vingt « paquets années », c’est-à-dire un paquet par jour pendant vingt ans ou deux paquets par jour pendant dix ans. Ces résultats sont d’autant plus alarmants que l’on sait qu’en 2000, les femmes représentaient 16 % des nouveaux cas de cancer bronchique primitif, contre les 34,6 % diagnostiqués aujourd’hui par l’étude Cascade.  

Un effet, plusieurs causes

Premiers surpris par les résultats de leurs travaux, les spécialistes tentent de s’expliquer la différence « fumeuses vs fumeurs » par la constitution même des métabolismes. Sur la liste des hypothèses, la surface corporelle : au prorata de sa taille, les voies respiratoires chez une femme sont forcément moins étendues que chez un homme. Partant de là, une même quantité de fumée se trouve donc concentrée sur une surface plus restreinte. Par ailleurs, on sait aussi que l’addiction au tabac est plus forte chez les femmes. Les hormones jouent probablement un rôle dans cette différence.

Première cause de mortalité ?

« En cinquante ans, on est passé d’une maladie archi-exceptionnelle à une maladie qui tend à devenir chez les femmes, en France, la première cause de mortalité par cancer devant celui du sein », s’inquiète Marie-Pierre Revel. Et cette situation est d’autant plus préoccupante que, selon les dernières données de Santé publique France, le tabagisme quotidien chez les femmes ne cesse d’augmenter. Il est passé de 20,7 % à 23 % entre 2019 et 2021. Selon les chiffres du Comité national contre le tabagisme (CNCT), parmi les 18-75 ans, on dénombre plus d’une femme sur cinq qui fume quotidiennement, et près de 6 % sont des consommatrices occasionnelles. Parmi les mineures, à 17 ans, près d’une jeune fille sur quatre est tombée dans la dépendance quotidienne.