On le sait, les rendez-vous médicaux sont devenus des denrées rares et précieuses. Pénurie de praticiens, engorgement des salles d’attente, déserts médicaux… Particulièrement sinistré depuis la crise Covid, le paysage sanitaire préoccupe les autorités, lesquelles cherchent des solutions pour le remettre sur pied. En ce sens, le gouvernement envisage d’instaurer dès janvier 2025 une « taxe lapin » imposant une sanction de 5 euros aux patients qui font faux bond à leur médecin sans prévenir au moins 24 heures à l’avance.
En attendant que le Parlement se prononce sur ce projet de loi, le Premier ministre Gabriel Attal profite de ses allocutions publiques pour défendre le bien-fondé de cette mesure. S’il est convaincu du pouvoir dissuasif de la taxe, ce n’est toutefois pas le cas des institutions médicales, comme l’Union française pour une médecine libre (UFML). Son président, Jérôme Marty, estime que « le montant défini par le gouvernement est trop symbolique ». Il ajoute que la taxe doit être égale au montant de la consultation (par exemple 26,50 euros chez un généraliste) pour être vraiment efficace.
L’enjeu logistique
En théorie, la pénalité ne pourra être appliquée que sur demande du professionnel de santé. En pratique, reste à savoir comment procéder pour recouvrer la somme due. Investies de cette mission par le gouvernement, les plateformes de prise de rendez-vous et les sociétés privées de téléconsultation ne sont pas favorables au rôle qui leur est attribué. Leur mise à contribution contraindrait les patients à enregistrer en ligne leur empreinte bancaire. Or, selon le PDG de Doctolib Stanislas Niox-Château, « 15 % des patients sont en situation d’illectronisme (qui n’ont pas Internet ou qui ne savent pas l’utiliser correctement) et 5 % n’ont pas de carte bancaire ».
L’info chiffre
Chaque année, près de 27 millions de consultations ne sont pas honorées, selon l’Ordre des médecins et certains syndicats. En fonction des spécialités, les lapins représentent 3 à 6 rendez-vous sur 100.