Aujourd’hui, tout le monde est « stressé ». Un mot abusivement utilisé pour en réalité dire énervé, tendu, inquiet, angoissé ou en burn-out. Or, le stress est différent. C’est la réaction de l’organisme soumis à une pression, à une agression ou à des contraintes de la part de notre environnement ; il a donc un intérêt. Mais le terme de « stress » recouvre aussi les conséquences de cette adaptation sur l’organisme lorsque celle-ci est dépassée. Être stressé, c’est donc fournir des efforts pour s’adapter à un changement, une situation ou un événement ressenti comme une menace, et parfois en payer le prix.
Conflit, opération, accident…
Au travail, en famille, sur la route, etc., les occasions d’être stressé ne manquent pas, mais ce phénomène est naturel et utile… jusqu’à un certain point. Le plus souvent, le déclencheur de stress, ou stresseur, est un événement inhabituel ou déstabilisant, voire inquiétant. Il peut être important (séparation, annonce d’une maladie, conflit avec un collègue ou avec son enfant, licenciement, etc.) ou plus léger (une grosse facture à payer rapidement, par exemple). Il peut aussi être prévu (examen, entretien d’embauche, opération chirurgicale, déménagement, etc.) ou inattendu (accident, cambriolage, arnaque, etc.). Un stresseur peut même être un événement heureux comme un mariage ou une naissance.
Une décharge d’adrénaline
Dans tous les cas, le cerveau donne l’alerte et l’organisme réagit rapidement par une poussée d’adrénaline, une hormone sécrétée par les glandes surrénales – situées au-dessus de chaque rein – et libérée dans le sang afin de préparer le corps à répondre à cet état de stress. La fréquence cardiaque et la respiration s’accélèrent, la pression artérielle augmente et les muscles se contractent. La force musculaire est décuplée, et les sens et les réflexes sont aiguisés, ce qui aide à prendre une décision et à agir de la façon jugée la plus appropriée. À la préhistoire, le stress constituait une réaction salutaire qui permettait aux hommes d’affronter ou, selon les cas, de fuir les bêtes sauvages. Notre organisme a conservé ce réflexe, très utile lorsqu’il faut réagir vite (agression physique, catastrophe naturelle, par exemple) et, plus souvent, pour faire face à ce qu’il perçoit comme un bouleversement ou une menace.
À savoir
Selon une enquête*, 64 % des salariés français, et particulièrement les 18-24 ans (74 %), sont stressés au travail au moins une fois par semaine. C’est 9 points de plus qu’avant la pandémie de Covid-19.
* « People at Work 2022 », réalisée par ADP Research Institute dans 17 pays.
Le stress post-traumatique
Après un attentat, un cataclysme ou un viol, par exemple, des pensées envahissantes relatives à l’événement donnent à la personne l’impression de revivre la scène. Elle réagit en tentant d’éviter les situations ou les lieux pouvant rappeler le traumatisme, est constamment en hypervigilance, et peut finir par se couper de son environnement si elle n’est pas prise en charge par un psychologue.
Des réactions très diverses
Nous ne réagissons pas tous de la même manière et aussi intensément aux situations stressantes. Pour les uns, c’est le dos qui pâtit, pour les autres, c’est le système digestif, le sommeil, etc.
Dès lors que l’événement stressant est surmonté rapidement et de façon positive – l’entretien d’embauche s’est bien déroulé, le conducteur a freiné à temps pour éviter l’accident –, les sécrétions hormonales (adrénaline, cortisol, dopamine, endorphines, etc.) se régulent et l’organisme retrouve son fonctionnement normal. Les premiers signes de stress – palpitations, mains moites, jambes « molles », nausées – disparaissent, le cœur et le souffle reprennent leur rythme habituel, la tension psychique et la vigilance s’abaissent, et l’esprit s’apaise. Tout va bien. Par contre, si la période de stress dure, des symptômes plus notables apparaissent.
Des manifestations plurielles
Les réactions de l’organisme étant d’ordre physique, surtout, émotionnel et comportemental, les solutions thérapeutiques varient. Ainsi, on conseillera du magnésium en cas de tensions musculaires, et la relaxation dans les troubles anxieux.
- Symptômes physiques : douleurs musculaires, problèmes digestifs et intestinaux (diarrhées), fatigue, insomnies, manque d’appétit, maux de tête, vertiges, problèmes cutanés (poussées d’acné, démangeaisons…).
- Symptômes émotionnels : peur, agitation, nervosité, irritabilité, dévalorisation de soi, indécision, troubles de la concentration, baisse de la libido, état anxieux.
- Symptômes comportementaux quand le motif de stress est sérieux et perdure : tendance à l’isolement, rupture du lien social, absentéisme au travail, recours à des produits calmants ou excitants (café, tabac, alcool, sucreries, somnifères, stupéfiants).
Tous inégaux
Face à une situation stressante, le type et l’intensité de la réaction divergent selon les personnes. L’une se plaint de douleurs dorsales, l’autre
d’insomnies. Notre façon de gérer le stress et notre capacité à l’endurer ou à le surmonter dépendent en effet de différents facteurs. Et en premier lieu de notre personnalité et de notre parcours de vie (enfance, éducation, épreuves subies, etc.), lesquels nous prédisposent plus ou moins à bien ou mal réagir. Mais également de notre forme physique. Enfin, le fait d’être bien entouré et de pouvoir se détendre permet de se remettre plus rapidement et plus facilement d’un épisode stressant.
Le tako-tsubo, quésaco ?
Sécrétée en trop grande quantité après une grosse frayeur ou une très grande joie, l’adrénaline chargée d’aider l’organisme à surmonter l’événement entraîne une anomalie dans la pointe du cœur – les parois latérales ne parviennent plus à se contracter –, d’où des douleurs thoraciques pouvant faire suspecter un infarctus du myocarde… mais sans en être un. Le tako-tsubo (identifié au Japon) récupère sans complications avec un traitement pour l’insuffisance cardiaque mais peut aussi, rarement, entraîner le décès si la personne a le cœur fragile.
Quand le stress devient pathologique
À la longue, les répercussions sur la santé d’un état de stress permanent ou répété, souvent lié à notre mode de vie moderne, peuvent être graves. Intestin irritable, maladies de peau, dépression…
Nous sommes tous en capacité de développer – plus ou moins rapidement selon les individus – des capacités d’adaptation au stress. Mais lorsque les causes de stress sont graves ou se cumulent, s’enchaînent, se pérennisent ou bien que l’on ne parvient pas à dénouer une situation, il en va autrement. Surmenage, pression, harcèlement ou conflits au travail, transports en commun surpeuplés, embouteillages quotidiens, nuisances sonores répétées, risques d’attentat, mais aussi difficultés conjugales, familiales ou financières, maladie incurable ou décès d’un proche… L’organisme puise dans ses réserves d’énergie pour résister et s’adapter, mais il est difficile de s’habituer à des contraintes qui perdurent ou de surmonter des événements tragiques et douloureux. À un moment donné, ses capacités finissent par être dépassées.
De vraies maladies
Résultat, les symptômes deviennent plus intenses et s’installent. Fatigue, tendinites et douleurs musculaires (dos et cou, en particulier) se chronicisent. Les problèmes digestifs et intestinaux (syndrome de l’intestin irritable, reflux gastro-œsophagien, gastrite) sont handicapants au quotidien. Une toux nerveuse peut aussi apparaître. Certaines maladies de peau comme un eczéma, un psoriasis ou un zona peuvent se déclencher ou s’aggraver. Les problèmes de sommeil sont permanents. Les pertes de mémoire, sources d’erreurs et d’oublis, commencent à inquiéter, de même que les manifestations d’agressivité.
Anxiété et dépression
Lorsque l’organisme n’arrive plus du tout à réagir, il peut amplifier une tendance à l’anxiété, voire la transformer en anxiété généralisée. Ou, un cran au-dessus, mener à la dépression ou au burn-out. On peut même craindre des troubles cardiovasculaires favorisés par des tachycardies et des poussées d’hypertension artérielle répétées. Il faut savoir se tourner vers un médecin pour ne pas en arriver là.
Risque de burn-out
Le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel est un état de fatigue intense et de grande détresse causé par le stress au travail, qui se traduit par des symptômes psychosomatiques, c’est-à-dire des manifestations physiques (insomnies, douleurs lombaires, maux de ventre et/ou de tête, etc.) déclenchées ou aggravées par des facteurs psychologiques. Il faut consulter un médecin qui pourra prescrire un arrêt de travail et une psychothérapie, puis préparer le retour à l’emploi avec le médecin du travail.
Les armes antistress
Dans le cas où la situation stressante se prolonge ou s’intensifie au risque de vous faire « disjoncter » ou de vous rendre malade, ne vous précipitez pas sur les anxiolytiques, les antidépresseurs ou les somnifères. Testez d’abord des techniques de relaxation qui apprennent à développer son adaptation au stress et à lâcher prise : sophrologie, yoga, qi gong, taï-chi, hypnose, cohérence cardiaque ou méditation de pleine conscience, entre autres. À chacun de trouver la méthode qui lui convient le mieux pour se protéger des effets délétères du stress.
Aliments et compléments
Avoir une bonne hygiène de vie permet à l’organisme de ne pas se laisser déborder et de bien réagir aux situations ou événements stressants.
Mais tout le monde n’a pas un sommeil réparateur, une activité physique régulière et une alimentation équilibrée privilégiant les aliments riches en magnésium – le manque de ce minéral rend plus vulnérable au
stress – et en vitamines du groupe B (levure de bière, notamment), les légumes secs, les céréales complètes ou semi-complètes, les oléagineux (noisettes, noix, amandes), les fruits de mer, le chocolat noir, etc. À défaut, faites des cures de compléments alimentaires ciblés, à base de sels minéraux, de magnésium, d’acides aminés (taurine, arginine, L-théanine, etc.), de plantes apaisantes (mélisse, passiflore, valériane, eschscholtzia, aubépine, notamment) ou adaptogènes (rhodiole, échinacée, éleuthérocoque, griffonia). Certains champignons sont également adaptogènes (reishi et shiitaké, par exemple).
Enfin, rééquilibrer son microbiote intestinal à l’aide de probiotiques (Lactobacillus paracasei et Bifidobacterium longum) a également un intérêt car le stress peut déséquilibrer le microbiote, ce qui augmente la sensibilité au stress.
À lire
• La boîte à outils de la gestion du stress, 2e édition, de Gaëlle du Penhoat (Dunod, 26,50 €).
• La meilleure façon de respirer de Jean-Marie Defossez (Thierry Souccar Éditions, 19,90 €).
Solutions thérapeutiques
Certains compléments alimentaires, à prendre avant un événement stressant ou en cure en cas de stress persistant, peuvent être un soutien. Demandez conseil à votre pharmacien qui saura vous guider selon vos symptômes et vos préférences de présentation.
- Le magnésium est particulièrement recommandé en cas de douleurs musculaires mais également pour réduire la fatigue. Comprimés de magnésium marin Thalamag® Équilibre intérieur (Biocodex).
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À base de plantes
Sedivitax CalmStress (Aboca) est une formulation de concentré total de passiflore, de houblon et de jujubier, et d’extrait d’aubépine.
Stress Control Bio (Santarome) est un complexe de plantes (aubépine, ashwagandha, rhodiola, safran) et de bourgeons (aubépine, chêne, figuier). -
Association de magnésium, de plantes, de vitamines B et parfois d’acides aminés
Forté Stress 24 h (Forté Pharma) en comprimés associe du magnésium marin, de la vitamine B6, de la L-théanine, de la rhodiola, de l’ashwagandha et du schisandra.
Arkorelax® S.O.S. Stress (Arkopharma), spray sublingual (L-théanine, Cannabis sativa) en cas de pic de stress, pour un effet flash. -
Des probiotiques alliés à des vitamines
Symbiosys® SerenitasTM (Biocodex) réunit la souche Bifidobacterium longum 1714TM, du safran et de la vitamine B6.
Melioran® Psychobiotic (PiLeJe) associe deux souches microbiotiques (Lactobacillus casei LA903 et Lactobacillus paracasei LA903), dosées chacune à 18 milliards par gélule, et de la vitamine B6. -
Côté homéopathie
Biomag Agrumes (Lehning).
Zenalia® (Boiron®).