Christophe Dechavanne : « Ce qui prime, c’est l’équité »

Christophe Dechavanne : « Ce qui prime, c’est l’équité »
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On lui doit 35 ans d’émissions mémorables, la création du Sidaction et les préservatifs gratuits pour les mineurs. Mais hors antenne, son itinéraire n’a pas toujours été celui d’un enfant gâté. En témoigne son autobiographie Sans transition…, dans laquelle le loyal, l’intime, le drôle et le touchant prennent la parole à tour de rôle.

Votre autobiographie est construite comme un recueil de nouvelles qui nous promènent de votre enfance à aujourd’hui, côté cour et côté jardin. Lorsque l’on a un parcours aussi dense que le vôtre, comment sélectionne-t-on les tranches de vie à raconter ?

Christophe Dechavanne : L’envie d’écrire était là, mais je ne savais pas si c’était des histoires de télé ou perso qui inté­ressaient les gens. Comme ce n’est pas mon métier, j’avais besoin d’un regard extérieur pour me mettre le pied à l’étrier et m’éviter de partir dans tous les sens. Je l’ai trouvé en la personne de Jean-Philippe Pisanias. Nous nous étions déjà rencontrés il y a 25 ans et j’avais beaucoup apprécié notre interview. À l’époque, nous avions évoqué l’idée d’écrire à quatre mains, mais le pro­jet est resté lettre morte jusqu’à ce que l’on se revoie au début de Quelle époque !* Même bon feeling que la première fois, même velléité de faire un livre ensemble… Ce que nous avons fait. Il m’a enregistré pendant des heures ; je parlais comme ça me venait. Puis il a trié les thèmes, et j’ai validé la sélection. Il a écrit et j’ai bossé derrière pour y mettre ma patte. J’ai l’impression que les gens me découvriront plus dans le bouquin qu’à travers
tout ce que j’ai pu faire à la télé en 35 ans.

Qu’elles soient d’ordre privé ou public, vos confidences sont très intimes sans jamais être impudiques. Cependant, elles sont toutes dominées par votre soif constante d’équité et de transparence…

Je crois que la première chose que je ne supporte pas, à mon propos ou de façon générale, c’est l’injustice. Et j’ai toujours essayé d’être le plus juste possible, que ce soit avec mes collaborateurs, mon entourage, mes mômes… Toujours. Ce qui prime pour moi, c’est l’équité.

Malgré les différentes joutes professionnelles racontées dans le livre, vous avez pourtant choisi de faire carrière dans un milieu sans foi ni loi…

Je n’ai pas « choisi » de faire de la télé et je n’y aurais sans doute jamais pensé si ma grand-mère ne me l’avait pas suggéré. Si l’on m’avait demandé, enfant, ce que je rêvais de faire plus tard, j’aurais sûrement répondu pilote, cascadeur ou chanteur. Certes, j’ai fait carrière dans l’audiovisuel, mais ce milieu ne détient pas le record de malveillance. Je me suis aussi fait escroquer par mon instructeur de pilotage, supposé être un ami. C’est rare aujourd’hui de trou­­­­­ver des gens qui disent du bien des autres, quel que soit le corps de métier.

Votre sens de l’honnêteté vous vous a-t-il obligé à composer avec les acteurs de la profession ?

Je n’ai jamais eu à composer avec les méandres de mon métier : j’ai gardé mon indépendance en créant ma boîte de production. Je n’ai jamais non plus été client des mondanités. Pendant 20 ans, j’ai refusé toutes les invitations mon­daines. Maintenant que je suis bien plus tranquille, moins parano et beaucoup plus sociable, je ne suis plus invité nulle part. C’est complètement idiot parce que c’est comme ça que je pourrais rencontrer quelqu’un !

N’y a-t-il pas d’autres endroits pour une rencontre ?

Sûrement, mais tous les week-ends je pars à la campagne, et je vous jure, j’ai beau secouer les arbres, il n’y a pas une femme qui tombe d’une branche. [Rires] Pourtant, je continue à aller m’isoler dans ma maison comme je continue à avoir envie de partager plein de choses avec une femme.  

Votre vie amoureuse n’est pas un long fleuve tranquille. Avez-vous essayé de décortiquer votre relation aux femmes ?

Si vous évoquez la relation pleine d’amour mais mouvementée que j’ai eue avec ma mère, ça n’a rien à voir. Je n’ai pas de rapport complexe avec le sexe féminin. C’est plutôt ma mère qui avait un rapport com­­plexe avec les hom­mes. Concernant les relations de couple, je suis un « aimant à emmerdes », en lien peut-être avec les soucis personnels auxquels j’ai été confronté… J’ai élevé ma fille cadette à partir de ses 8 ans tout seul. Cela a dû laisser moins de place à une vie amoureuse.

Idéalisez-vous la femme de votre vie ?

Non. Je l’ai rencontrée et c’est la seule qui m’a quitté. Je culpabilise parce que je me dis que c’est ma faute. Je ne sais pas si je peux le dire, mais j’ai conscience d’être parfois pénible parce qu’un peu trop maniaque. Sinon, je pense que je suis un type plutôt sympa, qui aime décon­ner, qui sait cuisiner, adore voyager… Donc, un bon compagnon de route.

Vous ne cachez pas – ou plus – votre sensibilité, voire votre hypersensibilité…

Je suis aussi hypocondriaque et hyper­actif. Si j’avais été dépisté enfant, j’aurais sûrement été traité pour TDAH [trouble déficit de l’attention avec ou sans hyper­activité, NDLR]. Je le sais ! J’ai toujours des difficultés à me concentrer, même si j’ai progressé à mort. Vous l’avez bien vu, je me suis levé pendant que je vous parlais. J’ai du mal à rester assis très longtemps…

Vous vous êtes surtout levé pour prendre une cigarette !

Non, je ne fume pas ! Vous parlez à un mec qui fumait un paquet et demi il y a 20 ans. Aujourd’hui, j’estime ne pas être fumeur, même si je peux parfois allumer une cigarette et tirer deux taffes.

Vous avez dit aussi limiter votre consommation d’alcool. Est-ce l’alcoolodépendance de votre père qui vous a rendu prudent ?

Je suis ce que l’on appelle un « control freak », un maniaque du contrôle. Je déteste perdre le contrôle, quel que soit le contexte. L’abus d’alcool a coûté la vie bien trop tôt à mon père. Je fais donc en sorte de rester vigilant.

* Talk-show coanimé avec Léa Salamé, chaque samedi à 23 h 25, sur France 2.

Making-of d’une vie

D’un côté, il y a la personnalité publique que l’on connaît et que l’on aime depuis 35 ans pour ses talents d’animateur. De l’autre, il y a l’homme aux multiples exploits, gamelles, désenchantements, bonheurs et générosités. Entre les deux, des secrets de fabrication drôles, tendres et sincères livrés sans transition. Un recueil de confessions intimes, à mi-chemin entre pudeur et transparence.

Sans transition…, de Christophe Dechavanne (Flammarion, 20,50 €).

Pour vous aimer, sortez couverts !

Acteur emblématique de la lutte contre le sida, Christophe Dechavanne n’a pas seulement initié le Sidaction en 1994. Son illustre « Sortez couverts ! », scandé à la fin de chaque diffusion de son émission Ciel, mon mardi !, est devenu en 1992 une marque de préservatifs. Commercialisés par le laboratoire Polidis et disponibles sans ordonnance en pharmacie, les préservatifs Sortez couverts ! sont pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie depuis le 1er janvier 2023 pour les hommes et les femmes de moins de 26 ans, et sans minimum d’âge.