Antoine de Caunes : « La recherche ouvre les portes de l’espoir »

Antoine de Caunes : « La recherche ouvre les portes de l’espoir »
Partager, imprimer cet article :
Par
Publié le
Depuis que ses personnages truculents l’ont fait entrer dans la légende audiovisuelle par la porte de Canal+, son sens de la formule n’a cessé d’enthousiasmer. Son humour légendaire cède cependant volontiers sa place à la sensibilité dès qu’il est question de passions et d’engagements.

Parmi toutes les cordes artistiques que vous avez à votre arc, votre carrière d’acteur, de réalisateur et de scénariste atteste de votre amour pour le septième art. En témoigne Genre Genres, votre nouvelle émission diffusée sur Canal+…

Antoine de Caunes : Je dirais plutôt qu’il s’agit d’une collection car chaque émis- sion est atemporelle et peut se regarder sans respecter l’ordre de diffusion puisque je n’y fais pas de promo. Les thématiques ne sont pas rattachées à l’actualité. En revanche, je passe en revue tous les genres cinématographiques et je les décortique avec mes invités cinéastes, scénaristes, acteurs, actrices, etc.

Est-ce pour vous consacrer à ce programme que vous avez stoppé votre émission culturelle Popopop sur France Inter ?

Même si j’aime bien cumuler les activités, ce qui était le cas avec Popopop sur Inter, j’ai surtout arrêté parce qu’après cinq ans d’antenne quotidienne, j’étais claqué. À la radio ou à la télé, ce rythme est trop infernal. C’est une espèce d’immersion où l’on ne fait plus que ça, où l’on ne pense plus qu’à ça. Je n’avais plus de vie… 

Les années qui passent aident-elles à s’écouter davantage ?

C’est certain. On apprend à faire le tri. Et comme j’ai dépassé l’âge légal de la retraite, je ne travaille plus que par plaisir ! Cette notion m’est essentielle. Je ne peux pas avancer si je ne m’amuse pas dans ce que je fais, si je ne suis pas piqué, enthou­siasmé. J’aime aussi l’idée d’être pres­cripteur, d’avoir un rôle de passeur en braquant les projecteurs sur des personnes qui font des choses qui me semblent intéressantes.

C’est ce que vous faites en parrainant depuis dix ans la campagne de l’Institut Curie « Une Jonquille Contre le Cancer » ?  

L’appel aux dons pour financer la recher­­che est une cause qui me paraît en effet importante à défendre parce qu’elle ouvre les portes de l’espoir. Pour être franc, j’ai d’abord hésité à rejoindre les parrains et marraines de la Jonquille car je suis déjà président d’honneur de l’association Solidarité Sida depuis trente ans. Je ne voulais pas prendre le risque d’avoir une voix qui se dilue. Car en étant partout, on n’est finalement nulle part.

De façon directe ou indirecte, êtes-vous personnellement concerné par les combats menés par l’Institut Curie ?

Je n’ai pas eu à me battre contre un cancer, contrairement à certains de mes amis. Nous avons tous des proches qui sont, ou qui ont été, touchés par cette maladie. C’est une lutte permanente et l’objectif n’est pas atteint. Il y a toujours énormément de progrès à faire, même si j’ai entendu de bonnes nouvelles concernant les avancées dans les traitements. Les ravages du cancer sont épouvantables à tout âge et dans toutes les couches de la société ; je déplore que tout le monde n’ait pas accès aux mêmes traitements. Partant de là, si ma pauvre petite voix
peut faire un peu avancer les choses, je n’ai pas de raison de refuser.

Votre voix se porte-t-elle autant sur le don que sur la prévention ?

Je ne veux pas me poser en exemple… J’ai la chance d’avoir un bon héritage génétique. Par goût, je mange peu de viande rouge et je bois des litres de Sencha, du thé vert japonais. J’ai arrêté de fumer, je marche dès que j’en ai l’occasion, je fais de la boxe anglaise depuis trois ans… Mais je ne sais pas si je suis en si bonne santé que ça au moment où je vous parle. J’espère ! [Rires] Je ne suis pas là pour donner des conseils de vie mais pour que ma modeste participation encourage aux dons.

Selon vous, comment réussir à convaincre de donner à l’heure où la crise du pouvoir d’achat bat son plein ? 

Je sais que la plus grande générosité vient souvent de ceux qui ont le moins de moyens. Sans doute parce qu’ils ont l’expérience de la souffrance et de la soli­darité. Ils savent que chaque don, même le plus infime, permet d’avancer et peut participer à améliorer l’avenir. Ce qui compte, ce n’est pas la somme, mais le geste et ce qu’il symbolise : partager au lieu de garder pour soi.

Vous semblez attaché à la notion d’espoir. Comment cultivez-vous le vôtre ?

Avoir de l’espoir commence par avoir le sentiment d’être en vie. À mon niveau, je me sens vivant tant que je suis enthousiasmé, continuellement curieux de ce qui se passe autour de moi. J’ai une espèce d’appétit qui ne se calme pas avec le temps, qui me maintient et me fait avancer. Je suis aussi passé par une dépression et je sais que dans ces moments-là, le mot « espoir » ne veut plus rien dire parce qu’on se fout complètement de tout, plus rien n’a de sens. On dit à raison que l’espoir fait vivre ! Il permet de rester convaincu que les choses vont s’améliorer. Je suis un optimiste par nature qui avance toujours en se disant que les choses vont se résoudre. Sauf en état dépressif…

Comment avez-vous réussi à reprendre le dessus ?

Des médocs et un bon psy ! [Rires] Plus sérieusement, j’ai aussi été très entouré et soutenu par mes proches, ce qui est capital pour se reconstruire. Aujourd’hui encore, la dépression reste totalement excluante. C’est toujours considéré comme une maladie, une chose dont on s’écarte comme si l’on pouvait être contaminé. Alors qu’au contraire, les gens dépressifs, il faut les entourer. Malheureusement, nous sommes dans une société qui refuse farouchement la maladie et la mort. Une société qui est dans le culte du superficiel, de l’apparence, de l’illusion. Elle impose d’avancer en étant beau, bien portant et en capacité de consommer.

Votre humour légendaire vous aide-t-il à traverser les épreuves ?

Le rire est un antidote extraordinaire. Tant que vous arrivez à rire, vous avez une vraie protection contre le sérieux et la bêtise du monde. En plus, il paraît que c’est bon pour la santé…

Une fleur contre le cancer

BES399-itw03.jpg

Mars est le mois du printemps, mais aussi celui de la jonquille. Acheter cette fleur, faire un don durant la campagne « Une Jonquille Contre le Cancer », c’est œuvrer pour l’Institut Curie et son travail dans le combat contre le cancer. La 19e édition, qui a lieu du 14 au 26 mars, porte sur un enjeu majeur : le diagnostic et le dépistage précoces. Car plus tôt une tumeur ou une récidive est détectée, plus grandes sont les chances de guérison pour les patients. 

Plus d’infos : unejonquillecontrelecancer.fr

Le septième art à la loupe

BES399-itw02.jpg

Avis aux mordus de cinéma ! Entre extraits de films, anecdotes, témoignages et bonne humeur, Antoine de Caunes et ses invités décryptent tous les genres qui nourrissent les salles obscures. Au programme : films de guerre, de potes, d’espionnage, de requins, de zombies, comédies musicales, science-fiction, biopics, westerns, etc. Autant de thèmes que d’épisodes mensuels qui forment une collection unique dédiée à partager l’amour du cinéma.

Genre Genres, chaque mois à 22 h 55, en exclusivité sur Canal+ et myCanal.