L’apithérapie creuse son rayon

L’apithérapie creuse son rayon
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Qu’ils soient sécrétés par l’abeille (gelée royale), ou récoltés et transformés par elle (miel, pollens ou propolis), pour son usage ou celui de sa reine, les produits de la ruche rendent aussi de précieux services à l’Homme.
 

Le miel, en majesté

Au commencement, le nectar, en quelque sorte la matière première du miel, composé à 15 % de sucres et 85 % d’eau. Il sert de carburant aux abeilles, qui en font leur miel, une fois l’eau en grande partie absorbée et les sucres transformés pour être assimilables – par l’insecte et l’Homme. Puis elles y ajoutent, en cours de vol vers la ruche, des germes digestifs issus de leur jabot, des lactobacilles. À la faveur de successives régurgitations, par 40 ou 50 abeilles ouvrières qui l’enrichissent en enzymes, le nectar, alors concentré à 80 % de sucres, est déposé dans une alvéole, elle-même operculée avec de la cire. À l’abri de l’oxygène et de l’humidité, le miel est dans son milieu de conservation idéal. Il renferme une certaine proportion de minéraux (potassium, calcium, etc.), qui diffèrent selon le territoire de récolte, des acides aminés et des enzymes (à l’origine de l’activité du miel sur les plaies en particulier).
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  Cette solution concentrée en sucres assèche les plaies en absorbant les sérosités liquides. Surtout, les sucres, en se dégradant, produisent de l’eau oxygénée, un désinfectant naturel. Grâce à ces actions conjuguées, le miel fait le lit de nouveaux bourgeons de peau, prélude à la réparation et à la cicatrisation des tissus. Il est également réputé pour ses propriétés anti-infectieuses, liées d’une part à une famille d’actifs, les inhibines (présentes dans le miel) qui enraient la multiplication des germes, d’autre part à des défensines immunostimulantes qu’ajoute l’abeille. Cerise sur ce gâteau miellé, des flavonoïdes antioxydants et anti-inflammatoires, le tout étant particulièrement indiqué pour lutter contre les infections de la sphère ORL, pharyngites en première ligne. Enfin, le miel est un carburant bienvenu en cas d’effort prolongé ou lorsqu’un resucrage rapide est nécessaire…  

La propolis, anti-infectieuse

Au printemps et à l’automne, les abeilles prélèvent la fine pellicule de résine qui protège les bourgeons, principalement de peupliers ou de châtaigniers en France. Elles transportent la résine dans les corbeilles de leurs pattes postérieures jusqu’à la ruche où elles la mélangent à leurs sécrétions salivaires, à un zeste de pollen et à la cire produite par leurs glandes cirières. La propolis est ensuite récupérée par grattage des parois au-dessus des cadres de la ruche qui en est enduite (pour sa protection). La propolis est un antimicrobien naturel, qui permet à cet espace clos où s’activent des milliers d’ouvrières dans une atmosphère propice à la multiplication des germes de rester sûre. Elle est composée à moitié de résines, d’huiles essentielles en forte concentration (près de 8 %), de cires (au moins 20 %), de vitamines, d’oligoéléments (silice et zinc, notamment), de flavonoïdes, etc. Un ensemble d’actifs qui facilite la réinitialisation d’un système immunitaire à la peine… Prise en période de convalescence de grippe ou d’infections épuisantes, elle accélère la remise sur pied. Au-delà de ses effets sur l’immunité, la propolis est directement antimicrobienne en ce qu’elle combat virus et bactéries, huiles essentielles et flavonoïdes aidant, tout en préservant la flore intestinale qui participe aussi à l’immunité, à la différence des antibiotiques – donnés pour une infection bactérienne seulement. Enfin, elle fluidifie les sécrétions et en facilite l’évacuation, apaise une gorge en feu. On l’adopte volontiers, en cures de trois semaines par exemple, quand les défenses immunitaires sont plus sollicitées, à l’automne ou au printemps en cas de baisse de forme. Ou, ponctuellement, en gommes pour soulager un mal de gorge, ou en spray, sur un aphte. Enfin, associée au miel, pour une cicatrisation maîtrisée d’une plaie ou d’une brûlure. Sa couleur dépend de l’arbre d’origine : plutôt verte au Brésil, rouge à Cuba, elle est brune en France.  

Le pollen, multisite

Lorsque les abeilles aspirent le nectar, elles embarquent, collé à leurs poils, le pollen (la semence mâle des fleurs) et le transportent vers la ruche, d’autant plus facilement qu’en vol, avec un peu de salive et de nectar sucré, elles en ont fait des pelotes. Ces dernières peuvent être récupérées à l’entrée de la ruche dans une trappe prévue pour la collecte. Le pollen, un concentré de protéines végétales, renferme par ailleurs des flavonoïdes, un grand nombre de vitamines, des acides aminés essentiels, des enzymes, des fibres (12 %) et (quand il est frais, cru ou a été congelé immédiatement après la récolte) des ferments lactiques. Soutien du système immunitaire, antioxydant, stimulant (vitamines et fer en renfort), il aide à la fluidité du transit, à la bonne santé des cheveux, de la peau et des ongles. Le pollen joue sur tous les tableaux.  

La gelée royale, « lait des abeilles »

Riche en acides aminés, en vitamines du groupe B et en minéraux, la gelée royale est fabriquée au fur et à mesure par les jeunes abeilles en fonction des besoins de la ruche à partir de pollens et d’enzymes, son stockage étant impossible. Cette substance blanchâtre nourrit le couvain et, sa vie durant, la reine. Ses principes actifs ? 6 % de lipides, 15 % de glucides, de 14 à 16 % de protéines (des acides aminés essentiels), des enzymes, dont la lysine, et l’acétylcholine, booster de mémoire. La gelée royale est bactéricide, virucide, mais aussi un stimulant général, y compris cognitif, et un puissant euphorisant anti-dépresseur. À avaler occasionnellement ou sur la durée selon la situation.

Allergique aux produits de la ruche ?

Les pollens sont soit anémophiles – transportés par l’air –, soit entomophiles – véhiculés par les insectes (dont l’abeille). Les premiers sont les plus allergisants. Dans tous les produits de la ruche, on peut trouver des uns et des autres… Mieux vaut donc les tester avec précaution, voire les éviter, si l’on est allergique aux pollens quels qu’ils soient. Dernière recommandation, tous les miels étant susceptibles de contenir des spores de Clostridium botulinum, ils ne doivent pas être proposés aux nourrissons de moins de 1 an ; leur immaturité digestive les rend incapables de les détruire.