Aujourd’hui, dans le monde, près de 1 % de la population est touchée par le vitiligo. Provoquant la destruction progressive par le système immunitaire des pigments de la peau et des cheveux, cette maladie chronique pouvait jusqu’alors évoluer à sa guise sans qu’aucun traitement ne parvienne à l’enrayer. Heureusement, pour ceux qui en sont atteints, les lignes bougent. En effet, des travaux internationaux, auxquels trois centres français de référence (Bordeaux, Créteil, Nice) ont participé, ont permis de mettre au point le tout premier médicament topique, capable de repigmenter les zones affectées.
Au cœur de cette révolution dermatologique, une molécule, le ruxolitinib et ses facultés inhibitrices sur les enzymes impliquées dans la destruction des mélanocytes, cellules productrices de mélanine. Intégré dans une crème appelée Opzelura®, conçue par les laboratoires Incyte, l’antidote miracle a été validé en juillet dernier par la Food and Drug Administration (FDA), aux États-Unis. Fin avril, c’était au tour de la Commission européenne de donner le feu vert à la commercialisation du produit. À partir du premier trimestre de 2024, les Français touchés par le vitiligo pourront donc bénéficier du traitement prescrit et pris en charge par la Sécurité sociale.
Résultats garantis
Publiés à l’automne dernier dans la revue New England Journal of Medicine, les premiers résultats de l’Opzelura® ont montré qu’environ 31 % des patients obtenaient une amélioration de 75 % de la pigmentation du visage après six mois de traitement, et de 90 % à un an et ce, à raison d’une application biquotidienne sur les zones décolorées. Quant aux autres parties affectées, à commencer par les mains et les pieds, le traitement, bien qu’utile, s’est révélé moins probant. Cependant, cette réserve n’entache pas l’enthousiasme des spécialistes concernant l’avenir prometteur de l’Opzelura®. En attendant que la crème élargisse son champ d’action à l’ensemble du corps, ils estiment que son efficacité gagne à être prolongée le plus longtemps possible. Par ailleurs, ses effets ne peuvent qu’être renforcés si ce nouveau traitement se combine à ses piètres prédécesseurs, à savoir la phytothérapie et les expositions modérées et protégées au soleil.