Chez le chat comme chez l’homme, des calculs peuvent se former dans les reins, dans les uretères, dans la vessie ou dans l’urètre, soit la partie basse des voies urinaires. Lorsqu’un calcul empêche l’urine de s’écouler, celle-ci s’accumule en amont et fait pression sur la vessie ou les reins : c’est le syndrome du « chat bouché », extrêmement douloureux.
Les signes d’une obstruction urinaire
Des comportements anormaux peuvent être facilement repérés chez les félins qui présentent des calculs obstructifs.
Difficultés à uriner
Les chats « bouchés » font visiblement des efforts pour uriner (du moins au début, avant que leur état général ne se dégrade et qu’ils restent prostrés). Incapables d’éliminer correctement, ils retournent souvent dans la litière et multiplient les tentatives… L’urine, parfois émise en très petite quantité, peut être anormalement foncée du fait de la présence de sang. Lorsque la douleur est importante, certains chats miaulent ou émettent des petits cris en éliminant.
Léchage de la région génitale
Les matous qui souffrent d’affections urinaires passent beaucoup de temps à se lécher le périnée, le ventre ou l’intérieur des cuisses pour tenter de se soulager.
Élimination en dehors de la litière
Quand un félin a du mal à uriner, il n’est pas rare de voir des traces d’urine sur le sol, en dehors de la litière. Cela n’a rien à voir avec du marquage, qui s’exerce de préférence sur un support vertical.
Une urgence absolue
Lorsque de tels symptômes sont observés, il est impératif de faire le plus vite possible appel au vétérinaire. Un traitement rapide est essentiel pour éviter une atteinte rénale aiguë irréversible, et potentiellement mortelle.
Confirmer l’obstruction
Le vétérinaire devra d’abord confirmer la présence de calculs urinaires, via une radiographie ou une échographie, car une cystite ayant une autre origine peut entraîner les mêmes symptômes. S’il s’agit bien d’une urolithiase (nom donné à la présence de calculs dans les voies urinaires), il faudra alors lever l’obstacle pour rétablir un flux urinaire normal.
Autres causes possibles
Chez le chat, les urolithiases représentent le deuxième motif de maladie de l’appareil urinaire inférieur ; les calculs sont impliqués dans 14 % des cas d’affections non obstructives et dans 30 % des cas d’affections obstructives.
La première cause de troubles urinaires reste cependant la cystite interstitielle féline, une maladie dont le diagnostic n’est établi qu’après avoir exclu toutes les autres origines possibles de troubles urinaires. Cette cystite est due à une inflammation générale des fibres nerveuses de la vessie et semble être étroitement liée au stress.
Des « bouchons » (non constitués de minéraux), des malformations anatomiques, des tumeurs et des infections urinaires peuvent également entraîner des troubles urinaires.
L’importance de l’hydratation
Quel que soit le type de calcul en cause, il est très important d’encourager le chat à boire, car lorsqu’il produit une urine moins concentrée, les calculs se forment moins facilement. Tous les facteurs susceptibles de freiner la consommation d’eau doivent être repérés et corrigés : pas assez de points d’eau, qualité de l’eau insuffisante, odeurs désagréables autour du bol, environnement trop bruyant, accès difficile à l’abreuvoir du fait d’un conflit avec un autre chat. Il existe en outre des aliments formulés pour encourager l’abreuvement spontané.
Les obstructions « basses »
Le plus souvent, les calculs restent bloqués dans l’urètre. Ce sont essentiellement les chats mâles qui sont concernés car ils possèdent un urètre plus long et plus étroit que les femelles. Ce type d’obstruction se produirait chez 1 chat mâle sur 200, et le problème apparaît le plus souvent chez des animaux âgés de 4,5 à 9 ans. L’âge médian au diagnostic est de 5 ans.
Attention au poids du chat
Les chats stérilisés, en excès de poids et vivant exclusivement en intérieur sont davantage prédisposés aux calculs urinaires. Lutter contre l’obésité féline participe donc à prévenir les urolithiases.
Sondage urinaire
Le traitement le plus classique consiste à anesthésier le chat et à passer une sonde dans l’urètre pour tenter de la déboucher. Cette manœuvre nécessite souvent d’être répétée plusieurs fois dans les 48 heures qui suivent. La sonde sera parfois laissée en place quelque temps pour permettre à l’urine de s’écouler et, ainsi, vidanger la vessie.
Lorsque le sondage s’avère difficile, la vessie peut aussi être décomprimée en la ponctionnant de l’extérieur. Cette technique, appelée « cystocentèse », permet de soulager le chat en attendant d’extraire le calcul qui obstrue l’urètre.
Le traitement chirurgical s’accompagne en général d’une antibiothérapie pour limiter le risque d’infection, de l’administration d’antidouleurs et d’une perfusion pour réhydrater l’animal.
Pronostic
Près de 30 % des chats ne survivent pas. La mort survient en majorité dans les 48 heures ou dans la semaine qui suit l’intervention. Dans près de 9 cas sur 10, c’est le propriétaire qui opte pour l’euthanasie, à cause des conséquences de l’obstruction sur les reins du chat ou des frais importants à engager pour le traitement.
Les obstructions « hautes »
Environ 5 % des cas d’obstruction urinaire concernent la partie haute des voies urinaires, soit les reins et les uretères, mais ce pourcentage semble augmenter avec le temps.
Ces obstructions sont dues à la formation de calculs rénaux qui ont migré vers les uretères, même si le passage n’est pas systématique. Lorsque des calculs sont présents dans les deux reins, le risque d’obstruction est presque doublé comparativement aux cas où seul un rein est touché. Il existe probablement un lien entre urolithiase rénale et maladie rénale chronique mais à ce jour, savoir laquelle des deux est la cause de l’autre reste à découvrir.
Plusieurs facteurs de risque
Contrairement à l’obstruction basse, le risque d’obstruction haute est multiplié par 1,8 chez les femelles par rapport aux mâles. Les chattes sont généralement plus petites et ont des uretères de plus faible diamètre, ce qui pourrait expliquer cette prédisposition.
C’est chez les jeunes chats que l’on note le plus de cas d’obstruction haute. Chez ceux âgés d’au moins 12 ans, les urolithiases sont rarement obstructives, probablement parce que les calculs ont moins tendance à migrer des reins vers les uretères.
Cinq races paraissent plus exposées par les obstructions urétérales : le ragdoll, le tonkinois, le persan, le burmese et le british shorthair.
Plusieurs techniques de traitement
En cas d’obstruction des voies urinaires hautes, des techniques chirurgicales délicates doivent être mises en œuvre : pose d’un stent dans l’uretère pour le dilater ou mise en place d’un système de dérivation pour contourner l’obstacle.
Une fois le traitement d’urgence effectué, il faut envisager l’élimination des calculs présents dans les reins. La lithotritie, ou fragmentation par ultrasons, connue chez l’homme, peut parfois être utilisée chez le chat.
Attention aux récidives
De retour au domicile, l’animal devra être surveillé de près car les récidives sont fréquentes. Pour limiter ce risque, il est très important de faire analyser les calculs qui ont été retirés. L’identification du type de calculs permettra de formuler un certain nombre de recommandations alimentaires destinées à éviter la formation de nouveaux calculs.
Les calculs sont-ils tous visibles à la radiographie ?
La plupart des calculs peuvent être observés à la radiographie s’ils dépassent 4-5 mm. Les calculs les plus facilement visibles sont ceux qui contiennent du calcium, suivis par ceux de struvite, de cystine, d’urate et de xanthine. Les plus gros calculs (> 1 cm) sont en général des calculs de struvite.
Peut-on dissoudre les cristaux urinaires ?
La dissolution de certains calculs peut être obtenue grâce à un régime alimentaire spécifique : c’est en particulier le cas pour les calculs de struvite. Pour cela, il est important que les chats consomment exclusivement un aliment permettant de maintenir l’urine acide et la moins concentrée possible en minéraux. Comme la dissolution complète des calculs peut demander jusqu’à quatre mois, cette stratégie n’est évidemment applicable qu’en l’absence d’obstruction.
Les calculs d’oxalate de calcium, qui se forment fréquemment dans les reins et les uretères, ne peuvent en revanche pas être dissous grâce à l’alimentation, ce qui complique leur traitement.