La pilule pour les hommes : work in progress

La pilule pour les hommes : work in progress
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Dans les tuyaux de la recherche médicale depuis des lustres, la pilule contraceptive masculine pourrait bientôt voir le jour. C’est ce que révèle la récente publication de travaux américains sur une molécule capable de rendre les spermatozoïdes inefficaces.

C’est à des scientifiques texans que l’on doit cette avancée majeure en matière de contraception masculine. Œuvrant à Houston, au Texas, au sein du prestigieux Baylor College of Medicine, ils ont concentré leurs efforts sur la recherche d’une molécule permettant d’inhiber la sérine/thréonine kinase 33 (STK33), une protéine spécifique à la fertilité et nécessaire à la formation des spermatozoïdes fonctionnels. Inactivée en laboratoire sur des souris, la STK33 a rendu les mâles stériles car produisant une semence dysfonctionnelle. Des travaux antérieurs ayant déjà démontré que chez les hommes, une défaillance de la STK33 provoque aussi une asthénozoospermie, à savoir une diminution de la mobilité des spermatozoïdes, les chercheurs ont conclu que « le STK33 est à considérer comme une cible viable avec des problèmes de sécurité minimes pour la contraception chez les hommes ». Pour l’heure, reste encore à trouver une version de la fameuse molécule inhibitrice, probante sur les humains.

De la théorie à la pratique

Si ces recherches portent leurs fruits et aboutissent in fine à la conception d’une pilule contraceptive masculine, il s’agirait d’un virage scientifique à angle droit car ce mode de contraception est censé être réversible, contrairement à la vasectomie  couramment pratiquée, et n’entraîner aucun effet secondaire type fatigabilité, baisse de la libido ou troubles érectiles, provoqués par les traitements antitestostérone jusque-là expérimentés. Seulement voilà : le compte rendu de l’étude publié dans la revue américaine Science précise qu’il risque de s’écouler encore du temps avant que les messieurs puissent s’incomber du contrôle de la reproduction. Au cours des prochaines années, c’est en effet sur les primates que les essais sur la STK33 seront pratiqués afin d’assurer l’efficacité et, surtout, la réversibilité de la méthode.