« Le mal-être, les dépressions, les pensées suicidaires ont beaucoup progressé chez nos jeunes. Je veux faire de la santé mentale de notre jeunesse une grande cause de notre action gouvernementale. » Ces mots prononcés le 30 janvier dernier par Gabriel Attal lors de son premier discours comme chef du gouvernement ne sont pas restés lettre morte. Main dans la main avec 220 collégiens, lycéens et étudiants, les chercheurs de l’unité épidémiologique clinique et évaluation économique (Eceve) de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont donc mis au point un nouvel outil de travail : Mentalo. Il prend la forme d’une application, téléchargeable gratuitement depuis le 20 mai par les volontaires âgés de 11 à 24 ans. Dans le menu, une dizaine de questions (« Aujourd'hui, comment te sens-tu mentalement ? », « Quelle note donnerais-tu à ton humeur ? », « Que fais-tu quand tu as besoin de réconfort ? », « Lorsque tu ne vas pas bien mentalement, en parles-tu ? Si oui, à qui ? », etc.), posées 8 fois au cours de l’année et assorties de 50 questions en 7 sessions facultatives. À cela s’ajoute une touche ludique et attrayante : en répondant et/ou en parrainant des amis, les participants gagneront des « récompenses », comme des places pour des événements sportifs.
Attentes sur résultats
Étalé sur deux ans, le projet Mentalo vise à établir un état des lieux précis de la santé mentale des jeunes, qu’ils soient scolarisés, travailleurs ou inactifs. Ainsi cartographiée, la vue d’ensemble de leurs problématiques psychiques permettra dans un second temps de mieux cibler les besoins, d’anticiper les maux et d’apporter le soutien nécessaire à cette fragile et précieuse tranche de la population. Concrètement, il est prévu qu’à partir des résultats de l’étude les chercheurs développent « une application mobile gratuite pour aider chacun à mettre des mots sur ses maux et à trouver des ressources locales – soignants et associations – vers lesquelles se tourner. Le tout sera enrichi de vidéos, de quiz et d’exercices de relaxation pour que les jeunes aillent bien ou mieux et, in fine, prévenir le suicide chez les 15-25 ans ».
Les chiffres qui inquiètent
Selon la dernière enquête CoviPrev, en 2022, 35 % des 18-24 ans avaient l’impression de ne pas prendre soin de leur santé mentale ou de leur bien-être. Parmi eux, 32 % déclaraient ne pas savoir comment faire, 29 % indiquaient ne pas avoir le temps et 25 % ne s’en sentaient pas capables. De son côté, Santé publique France annonçait en septembre 2023 que les passages aux urgences pour gestes et idées suicidaires, troubles de l’humeur (épisodes dépressifs, notamment) et troubles anxieux, ainsi que les actes médicaux SOS Médecins pour angoisse avaient augmenté chez les moins de 18 ans, en particulier chez les 11-17 ans.