Vivre une sexualité féministe, ça veut dire quoi ?

S’il y a bien un point sur lequel tout le monde est d’accord, reconnaît la « sexperte » Maïa Mazaurette dans un article* paru dans le journal Le Monde, c’est que la sexualité féministe, c’est militer pour une sexualité égalitaire. En clair, exit le sexe macho où désirs et plaisirs au féminin sont négligés, voire ignorés. Les femmes veulent des hommes qui s’intéressent à leurs désirs et leurs plaisirs, quels qu’ils soient. Mais nous n’y sommes pas encore puisque 27 % d’entre eux « n’ont pas envie de se renseigner sur comment faire jouir leur partenaire et ne voudraient pas utiliser un sextoy pour augmenter le plaisir de leur amante** ».

Pas une, mais des sexualités…

Si la sexualité féministe revendique le droit à la masturbation sans tabou, elle s’insurge aussi contre les normes sexuelles : on a le droit de ne pas avoir d’envie sexuelle, de ne désirer que des fem­mes, de préférer les jeux à plusieurs… Pas de plaisir contraint, mais du plaisir libéré
des diktats, dans le respect de soi et de l’autre, tel est l’un des leitmotive de la sexualité féministe. Pour cela, elle invite à poser des limites : « Si les filles apprennent à se sacrifier au profit des garçons, et cela depuis toutes petites, de sorte qu’il n’est pas si facile de s’éloigner du rôle qu’on nous a assigné », constatent les autrices du Petit guide pour une sexualité féministe et épanouie, elles rappellent pourtant que « c’est possible ! » en réapprenant à vivre par et pour soi.

… pas juste consenties mais désirées

Plus de cinq ans après la lame de fond #MeToo, la sexualité féministe est enfin vent debout pour marteler que le consentement ne suffit pas lors d’un rapport, il doit s’accompagner de désir plein et entier, le but étant de se sentir bien avec l’autre, de partager un bon mo­ment et des sensations agréables. Quant à la notion de « besoins sexuels », qui surgit souvent lorsque l’on parle de désir et de consentement, les féministes se dressent contre ce vieux mythe. Les hommes auraient besoin d’avoir des relations sexuelles – et d’éjaculer – sous peine de ressentir des douleurs dans les testicules ? Une « grosse arnaque » sexiste qui fait pression sur les femmes et nie leur propre plaisir…

* « Sexualité féministe : les hommes sont-ils prêts ? », 3 avril 2022.

** « “Un homme construit ou déconstruit” ? Ce que veulent les femmes. Ce que sont les hommes », enquête Ifop pour Wyylde, 2022.