Faire un régime le temps de se délester de quelques kilos ou se laisser ponctuellement aller à des élans de fourchette. Tant que ces conduites alimentaires restent contextuelles et ne basculent pas dans les extrêmes, tout va bien. La relation triangulaire existant entre le corps, la tête et l’assiette reste dans la normalité. Mais chez certains, sans distinction d’âge, de sexe ou de catégorie sociale, cette interdépendance se révèle fragile. Potentiellement soumise à des facteurs biologiques et/ou psychologiques, l’alimentation peut devenir un dangereux objet d’expression qui se traduit par des troubles du comportement alimentaire. Connues sous le sigle « TCA », les formes les plus sévères sont l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie boulimique.
Mal dans son assiette
L’anorexie mentale se manifeste par une privation alimentaire stricte et volontaire.
La boulimie, en revanche, se caractérise par des épisodes de frénésie au cours desquels la personne consomme une très grande quantité de nourriture en peu de temps. Ces crises sont suivies de comportements dits « compensatoires » tels que des vomissements provoqués et/ou l’abus de laxatifs.
L’hyperphagie boulimique est assez similaire à la boulimie, à la différence qu’il n’y a pas de comportements compensatoires. En réponse à un stress ou à la tristesse, le sujet ingère, par crises, d’énormes quantités de nourriture.
Attention dangers
Un TCA n’est pas sans conséquence sur le métabolisme et peut, s’il n’est pas traité, altérer dangereusement l’état de santé. Concernant les personnes anorexiques, leur maigreur extrême provoque, outre une fatigue constante due à la dénutrition, des problèmes cardiaques et des déséquilibres hormonaux pouvant mettre leur vie en danger. Dans le cas de personnes boulimiques qui maintiennent un poids normal avec les comportements compensatoires, le trouble peut passer inaperçu pour l’entourage. Et ce, tant qu’aucun problème (troubles gastro-intestinaux, accident cardiaque) ne survient. Enfin, l’hyperphagie conduit fréquemment à un surpoids ou à une obésité, augmentant le risque de maladies chroniques telles que le diabète de type 2.
En thérapie
Le traitement d’un trouble du comportement alimentaire nécessite une approche pluridisciplinaire. La combinaison d’une prise en charge psychologique, d’un suivi médical – éventuellement soutenu par des antidépresseurs et/ou des anxiolytiques – et d’une aide nutritionnelle est essentielle. Dans les cas graves, notamment dans l’anorexie, l’urgence est de retrouver un poids normal. Une hospitalisation peut alors être nécessaire pour stabiliser l’état physique du patient et surveiller les éventuelles complications.
Le poids des chiffres
En France, près d’un million de personnes sont concernées par un TCA. L’anorexie mentale touche environ 1 % des femmes, en particulier de jeunes adolescentes, et 0,3 % des hommes ; la boulimie affecte 1,5 % des femmes et 0,5 % des hommes ; l’hyperphagie boulimique concerne environ 3 % des femmes et 1,5 % des hommes.