Chaque année, en France, 8 000 tonnes de paracétamol seraient avalées. Dite comme ça, l’information ne révèle pas grand-chose. Pourtant, cette quantité notable confère à nos compatriotes le titre de plus gros consommateurs de paracétamol en Europe. Il faut dire que cette molécule contre la douleur et la fièvre trône largement dans les armoires à pharmacie hexagonales sous la forme du Doliprane. Fabriqué et commercialisé par Sanofi à Compiègne (Oise) et à Lisieux (Calvados), le Doliprane est le médicament le plus vendu dans le pays, devant ses homologues Dafalgan et Efferalgan, du concurrent Upsa. Pour info, plus de 538 millions de boîtes ont été délivrées en pharmacie l’an dernier. Un record depuis le début de sa commercialisation en 1964. On comprend donc pourquoi l’annonce de la vente de notre antalgique patrimonial nourrit tant d’inquiétudes. En effet, Sanofi a conclu l’affaire le 10 octobre dernier avec le fonds d’investissement américain CD&R et la banque publique d’investissement Bpifrance, en leur cédant respectivement 50 % et 2 % d’Opella. Un gros hic potentiel pour les consommateurs puisque c’est précisément cette filiale du géant pharmaceutique qui produit (entre autres médicaments sans ordonnance type Mucosolvan, Dulcolax ou encore Maalox), le Doliprane et sa célèbre petite boîte jaune.
Qualité et quantité menacées ?
Trouvera-t-on toujours en pharmacie aussi facilement et surtout au même prix notre précieuse panacée ? Au-delà de cette question que se posent légitiment de nombreux Français plane encore le mauvais souvenir de la pénurie de Doliprane pendant la crise du Covid, et plus encore celle de l’hiver 2022-2023, quand le pays a dû faire face à la triple épidémie de grippe, Covid et bronchiolite. La réponse est oui. « Opella est une entreprise française qui restera en France et qui continuera à se développer en France. Les capacités de production resteront en France » a déclaré devant les caméras de BFMTV une source proche du nouvel actionnaire majoritaire. Une promesse renforcée par le gouvernement lui-même : « L’accord tripartite entre l’État français, Sanofi et CD&R prévoit des garanties », a annoncé cette semaine le ministre de l’Économie Antoine Armand. Et d’ajouter que des sanctions financières « pouvant s’élever jusqu'à 40 millions d’euros » sont prévues en cas d’arrêt de la production sur les deux sites français d’Opella et de « 100 000 euros par emploi supprimé par licenciement économique contraint ». Des montants somme toute dissuasifs, du moins pour l’instant…