Des découvertes récentes réalisées par une équipe de chercheurs français ouvrent de nouvelles pistes pour les patients souffrant de MICI.
200 000, c’est le nombre de patients en France atteints d’une MICI, maladie inflammatoire chronique de l’intestin (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique). Un nombre qui ne cesse d’augmenter depuis 15 ans partout dans le monde. Ces maladies se caractérisent par une inflammation du tube digestif, et évoluent par poussées inflammatoires de durée et fréquence variable selon les patients. Jusqu’à aujourd’hui, les chercheurs ont découvert plusieurs gènes prédisposant à l’apparition de cette maladie, dont le CARD9, et soupçonnent des facteurs environnementaux et des modifications de la flore intestinale, sans avoir encore établi comment ils interviennent.
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Un gène au cœur de nouvelles recherches
Une découverte annoncée en mai 2016 par les chercheures de l’Inserm, l’Inra (1), l’UMPC et l’AP-HP propose de nouvelles pistes pour les patients. Les travaux de l’équipe se sont concentrés sur le gène CARD9. L’équipe dirigée par Harry Sokol a utilisé des souris déficientes en gène CARD9. Qu’ont-ils découvert ? Une hypersensibilité de l’intestin en cas d’inflammation, des perturbations de la flore intestinale et une cicatrisation difficile. Rien de surprenant puisque le fameux CARD9 est en effet un gène qui stimule la production de substances nécessaires à la cicatrisation et la protection de la muqueuse intestinale, ainsi qu’à la reconnaissance des micro-organismes.Lien entre le microbiote et apparition d’inflammation
Les surprises ont commencé lorsque les chercheurs ont transplanté la flore intestinale des souris déficientes en CARD9 à des souris au patrimoine génétique intact, mais sans flore intestinale. Ce deuxième groupe est alors devenu hypersensible à l’inflammation intestinale, avec le même déficit en substances cicatrisantes et protectrices que les premières. Cela implique qu’au-delà de l’anomalie génétique, les dysfonctionnements observés dans les MICI seraient aussi causés par la flore intestinale. En creusant plus loin, les scientifiques ont constaté que les bactéries de cette flore intestinale altérée ne parvenaient pas à transformer un acide aminé apporté par l’alimentation, alors que cette transformation est essentielle à la production de substances cicatrisantes pour la muqueuse intestinale. Cette anomalie immunitaire rend alors le terrain propice aux inflammations. En résumé, « les anomalies du microbiote dans les MICI sont à la fois cause et conséquence de l’inflammation », explique Harry Sokol. Ok. Mais quel est l’intérêt pour les patients ?À lire aussi :
Des mécanismes d’inflammation réversibles
L’équipe ne s’est pas arrêtée en si bon chemin, et a réussi à montrer que ces mécanismes étaient réversibles, grâce à l’administration de molécules capables de mimer les mécanismes stimulant la production de substances protectrices chez des souris déficientes en gène CARD9. L’expérience a montré une rémission des symptômes et un retour à la normale du niveau de substances protectrices. De bons résultats qui laissent espérer une transposition de l’expérience chez des patients humains déficients en gène CARD9, qui présentent des anomalies de flore intestinale, grâce à l’administration de molécules spécifiques. Le laboratoire planche déjà sur cette piste de traitement, que l’on espère concluante pour les malades.À lire aussi :