Les plantes productrices d’huiles essentielles sont appelées « plantes aromatiques » et représentent environ 10 % des espèces végétales. Les huiles essentielles sont obtenues par entraînement à la vapeur d’eau, par distillation ou par un procédé mécanique.
À ne pas utiliser pures
Les piqûres de moustiques démangent et peuvent parfois transmettre des maladies parasitaires aux chiens et aux chats, comme la dirofilariose. Dans les zones où les moustiques sont nombreux, il est donc important de protéger les animaux pendant toute la période d’activité de ces insectes. De nombreux colliers imprégnés de répulsifs (mais aussi des shampooings et des pipettes) sont commercialisés à cet effet, et certains fabricants choisissent d’utiliser des huiles essentielles plutôt que des composés de synthèse. Les insectes développent en effet fréquemment des résistances aux insecticides classiques, même les plus récents. Or, il est indispensable de protéger nos amis à quatre pattes.
Toxicité potentielle des huiles essentielles
Les huiles essentielles ne sont pas sans danger pour les animaux. En cas de surdosage, elles sont susceptibles d’entraîner des effets indésirables graves chez le chien, et surtout chez le chat qui élimine très mal les sous-produits des huiles essentielles – plus particulièrement les phénols et acétones – de son organisme du fait d’un fonctionnement hépatique très particulier. Des troubles nerveux (abattement, tremblements, troubles de l’équilibre, etc.) et digestifs, ainsi que des lésions cutanées sont les symptômes les plus fréquents d’intoxication. Ces effets secondaires, très fréquents, sont essentiellement dus à l’utilisation d’huiles essentielles pures, ce qui est formellement déconseillé, voire proscrit. Mieux vaut se tourner vers des préparations formulées spécialement pour les animaux de compagnie.
Les répulsifs sont des biocides
Les huiles essentielles actives contre les insectes, qu’il s’agisse de répulsifs ou de véritables insecticides (capables de tuer les insectes quand ils viennent au contact de l’huile), sont considérées comme des « biocides ». L’étiquetage du produit qui en contient doit préciser le nom des huiles utilisées, leur concentration ainsi que leur indication précise.
Faible durée d’activité
De très nombreuses huiles essentielles ont fait preuve d’un pouvoir répulsif sur les moustiques, mais de courte durée car ces huiles sont très volatiles. Heureusement, il existe aujourd’hui des procédés techniques (type micro-encapsulation ou micro-émulsions) qui permettent de prolonger l’effet des huiles essentielles. L’ajout de vanilline participe également à l’augmentation du temps de protection.
Les valeurs sûres
L’huile essentielle de citronnelle est sans doute la plus connue contre les moustiques, mais parmi les plantes aromatiques, nombreuses sont celles qui contribuent aussi à éloigner les insectes volants.
La citronnelle
Qu’il s’agisse de la citronnelle de Ceylan (Cymbopogon nardus) ou de la citronnelle des Indes (Cymbopogon citratus), l’huile essentielle de citronnelle est fréquemment utilisée pour repousser les moustiques. Et l’efficacité des extraits de cette plante aromatique a été confirmée par de multiples études. Elle doit son nom à l’odeur de citron qui se dégage des feuilles quand elles sont froissées.
L’effet répulsif de l’huile essentielle de citronnelle diminue cependant rapidement : si 98 % des moustiques sont sensibles à son odeur juste après son application, ils sont moins de 60 % à s’en éloigner après deux heures. Mais attention à ne surtout pas l’utiliser sur le chat qui est particulièrement sensible à la toxicité potentielle du limonène, un des principes actifs de la citronnelle mais également d’autres huiles extraites d’agrumes.
Thym, origan, romarin, lavande, basilic…
Les huiles essentielles de thym – thym commun (Thymus vulgaris) ou thym serpolet (Thymus serpyllum) – figurent parmi les répulsifs les plus efficaces. En fonction de leur concentration, elles peuvent agir entre 1 h 30 et 3 h 30. L’effet serait principalement dû à la richesse du thym en carvacrol, une substance qui joue aussi un rôle insecticide lorsqu’elle est en contact direct avec les insectes.
Le carvacrol est également présent dans plusieurs variétés d’origan, en particulier l’origan crétois (Origanum onites). Le pouvoir répulsif de l’huile essentielle de lavande (Lavandula gibsoni ou Lavandula officinalis) est, lui, basé sur l’effet du terpinolène. Quant à l’huile essentielle de romarin (Rosmarinus officinalis), son activité antimoustique est liée à sa richesse en limonène et en camphre.
À un moindre degré, celles de basilic (Ocimum basilicum) et d’anis (Pimpinella anisum) sont aussi efficaces contre les moustiques femelles adultes (les seules à piquer). L’activité répulsive du basilic d’Inde (Plectranthus mollis), elle, est faible.
Non diluée, l’huile essentielle de clou de girofle (Syzygium aromaticum) est active contre plusieurs espèces de moustiques pendant 2 à 4 heures. Sa grande richesse en eugénol lui confère en outre un pouvoir insecticide puissant. Elle est souvent associée à l’huile essentielle de thym ou à celle de géranium.
Des huiles essentielles plus exotiques
Le patchouli (Pogostemon cablin), le niaouli (Melaleuca quinquenervia), l’ylang-ylang (Cananga odorata), le cajeput (Melaleuca leucadendron), la khaen, une plante d’origine thaïlandaise (Zanthoxylum limonella), ou l’eucalyptus citronné (Eucalyptus citriodora) peuvent également figurer dans la composition des produits protégeant des piqûres de moustiques. La liste pourrait être encore longue…
Conservation
Pour optimiser l’effet des répulsifs à base d’huiles essentielles, il faut protéger les composés actifs de l’oxydation. Les produits doivent être conservés à l’abri de l’air, de la lumière et de la chaleur, durant 12 à 18 mois selon les cas.
Des associations bien étudiées
Les produits antimoustiques destinés aux chiens et aux chats associent souvent plusieurs huiles essentielles ; l’excipient et les concentrations, et surtout les combinaisons, sont étudiés pour éviter tout risque d’intoxication et maximiser l’efficacité. Par exemple, l’huile essentielle de manuka (théier de Nouvelle-Zélande) interagit de manière synergique avec celle d’origan.
Huiles essentielles contre les puces ?
Les études concernant l’utilisation des huiles essentielles pour lutter contre les infestations du chien ou du chat par les puces sont peu nombreuses, mais plusieurs extraits de plantes pourraient avoir une utilité pour repousser ces parasit . C’est notamment le cas de l’armoise commune (Artemisia vulgaris), de la lavande et de la mélisse officinales (Lavandula officinalis, Melissa officinalis), du genévrier commun (Juniperus communis), et du thuya géant (Thuja plicata).
75 % des intoxications aux huiles essentielles concernent les chats
L’engouement pour les huiles essentielles chez l’homme s’est accompagné d’une augmentation des cas d’intoxication chez les animaux. Les centres antipoison notent que cela concerne les chats 3 fois sur 4, sans doute à cause de leur sensibilité mais aussi de leur comportement exploratoire : ils sont souvent attirés par les odeurs des huiles essentielles qui ne leur sont pas destinées. Les produits incriminés sont surtout des pipettes antiparasitaires ou des huiles essentielles insuffisamment diluées. Si celles de lavande, de citronnelle, de tea tree et de géraniol sont fréquemment en cause, quelques cas concernent les huiles essentielles à base d’eucalyptus, de menthe poivrée, de gaulthérie, de romarin et de niaouli.