L’affaire des viols subis par Madame Gisèle Pelicot, portée devant les tribunaux, semble avoir permis de faire bouger les lignes du gouvernement Barnier.
Le 25 novembre dernier, premier jour des réquisitoires au procès de Mazan, et date de la 26e édition de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le Premier ministre s’est rendu à la Maison des femmes de l’Hôtel-Dieu, à Paris. Là, le locataire de Matignon a dit vouloir renforcer les dispositifs permettant de protéger davantage les femmes victimes d’agressions. Dans ce sens, des kits de détection ou kits du lendemain seront délivrables dans plusieurs départements (selon un calendrier restant à définir) par les pharmacies, sur prescription médicale, aux femmes qui pensent avoir été droguées, et pris en charge par l’Assurance maladie.
Mieux vaut tard…
Jusqu’à présent, détecter une trace de soumission chimique avec des substances psychoactives n’est possible qu’en réalisant des tests dans les hôpitaux des grandes villes, et uniquement après avoir porté plainte pour être remboursé. Sans quoi, ces tests restent à la charge des victimes ; leur coût – pouvant dépasser plusieurs milliers d’euros – contraint donc bon nombre de victimes à y renoncer. L’enjeu pour le gouvernement était donc de répondre à cette discrimination budgétaire en « améliorant la prise en charge des potentielles victimes, et en adaptant les règles et dispositifs de prévention ». En conclusion de son allocution, Michel Barnier a assuré que le procès de Mazan « marquera un avant et un après dans la lutte ». De son côté, la députée Sandrine Josso [l’élue accuse le sénateur Joël Guerriau de l’avoir droguée afin de l’agresser sexuellement, NDLR] n’a pas manqué de saluer la démarche : « Obtenir des preuves d’une soumission chimique est une véritable course contre la montre et ces tests seront justement le moyen d’avoir ces preuves le plus rapidement possible. » Et d’ajouter qu’elle est confiante sur l’accès territorial aux kits, « les pharmaciens étant moteurs et motivés à faire bouger les choses après le procès Mazan ».
#MendorsPas fait campagne
Une campagne de sensibilisation à la soumission chimique va parallèlement être lancée à l’initiative de l’association #MendorsPas, cofondée par la fille de Gisèle Pelicot et la plateforme d’écoute du Crafs (Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances), en partenariat avec l’Ordre des pharmaciens. « Notre objectif est désormais que toute victime présumée puisse, sans crainte ni obstacle, se rendre dans un laboratoire, une pharmacie, un hôpital ou chez son médecin pour obtenir un kit de dépistage remboursé », précise l’association.
Mesures complémentaires
Une des autres mesures annoncées par Michel Barnier concerne l’élargissement du dispositif permettant à des femmes de déposer plainte dans un hôpital doté d’un service d’urgences ou gynécologique. Déjà possible dans de nombreux établissements hospitaliers français, le dispositif sera étendu à 377 structures d’ici à la fin 2025. Il reviendra à l’établissement de contacter le commissariat ou la gendarmerie pour qu’un agent vienne recueillir la plainte. Par ailleurs et avant la fin 2025, le Premier ministre s’est engagé à l’ouverture d’une Maison des femmes dans chaque département. Enfin, l’aide universelle d’urgence, créée en 2023 pour aider les femmes victimes de violences à quitter rapidement leur foyer, se mettre à l’abri et faire face à des dépenses immédiates, verra son budget annuel passer de 13 à 20 millions d’euros. Depuis son lancement, cette aide d’un montant de 800 euros en moyenne, a été allouée à 33 000 femmes.