Cet art martial attire les enfants mais inquiète certains parents. Est-ce un sport violent ? Quelles valeurs transmet-il ? Quels bienfaits en retirent nos enfants ? Réponse avec un expert du tatami, Cyril Soyer, directeur technique de l’école de Judo des Mines à Paris.
Commençons par le commencement. Devenu sport olympique en 1964, le judo ne date pas d’hier, il a été fondé au Japon à la fin du 19e siècle par Jigorō Kanō. Sa finalité : éduquer le corps et l’esprit en même temps, sans limite d’âge. A la différence du karaté avec lequel on le confond parfois, le but du judo est de saisir le partenaire, de réussir à l’immobiliser sur le dos au sol en l’empêchant de se retourner sur le ventre, ou de le projeter sur le dos en le contrôlant tout en assurant sa sécurité. Aucun coup n’est échangé, l’objectif n’est pas de faire mal. Mais est-ce pour autant une bonne idée d’envoyer nos enfants sur le tatami ?
Un sport qui repose sur le respect
Le respect d’un code moral valorisant la modestie, le courage, le contrôle de soi, le respect est primordial au judo, et l’enseignement insiste énormément sur ces aspects. « Il y a un rituel, tout est très codifié dans le judo, explique Cyril Soyer. En plus de la tenue obligatoire, les élèves saluent avant d’entrer et de sortir du tatami, car on respecte ce qui se passe sur le tatami. Le salut du partenaire est aussi obligatoire avant de débuter l’entraînement, c’est un signe de respect mutuel. » On ne parle d’ailleurs pas d’adversaire aux enfants, mais bien de partenaires : ils vont travailler ensemble, pas s’affronter. « C’est bénéfique pour les petits qui ont du mal à canaliser leur énergie, qui prennent beaucoup de place, car ils doivent tenir compte des règles et des autres, tout comme pour les plus timides qui doivent travailler à deux pour évoluer lors des entraînements. », précise l’entraîneur qui enseigne le judo depuis plus de 15 ans et a vu défiler un nombre incalculable de bambins sur son tatami.Une pratique qui évolue avec l’âge des enfants
Dès 3 ans, vos bouts de chou peuvent être initiés au baby judo. « Les jeunes enfants ne savent pas vraiment tomber, donc toute l’initiation passe par du judo au sol et un langage très imagé qui leur explique les techniques, détaille Cyril Soyer. On travaille la motricité, la découverte de l’espace, les techniques de déplacement. Après 6 ans, on passe au judo debout, ils apprennent à tenir le kimono du partenaire pour le faire tomber, et les mouvements pour le faire tomber sur le dos. Il y a très peu de combat avant 9-10 ans. » Il est interdit de toucher le visage lorsqu’on cherche à faire tomber son partenaire : aucun risque que votre judoka en herbe rentre avec un cocard à la maison.Judoka, un titre qui se mérite
En plus du code moral très fort qui régit le judo, les parents sont souvent surpris par le calme et la concentration des enfants sur le tatami. « Bien sûr, le prof leur en impose avec sa ceinture noire, s’amuse l’entraîneur, mais au-delà de cela, les enfants apprennent à maîtriser leur agitation et à se concentrer pour devenir de vrais judokas. Lors du passage de la ceinture, on juge la technique mais aussi l’attitude : plus qu’un sport, c’est un mode de vie qu’on leur apprend ». Car le respect et la maîtrise de soi sont exigés sur le tatami, un vrai judoka se doit aussi de l’appliquer dans les autres aspects de sa vie, ce qui permet aux parents bien briefés de brandir la menace du « si tu n’es pas sage j’en parlerai à ton prof de judo », dont l’efficacité est proportionnelle à la fierté de nos petits d’avoir obtenu leur ceinture en fin d’année. Envie de faire un essai ? Pour en savoir plus sur la pratique du judo en France, ça se passe par ici. Et pour une vue d’ensemble sur la pratique des sports de combat, cliquez par là.À lire
Cyril Soyer, fondateur et directeur technique de l’école de Judo des Mines, à Paris, a été membre de l’équipe de France de Judo de 1998 à 2008. Son palmarès inclut un titre de vice-champion d’Europe, une place de troisième à la coupe du monde, et trois victoires en championnat de France 1ere division. Il a également été champion du monde militaire. Avec sa ceinture noire 4e dan de Judo et son diplôme d’état, il a de quoi en imposer aux élèves à qui il transmet sa passion depuis plus de 15 ans.
Il a également contribué à un ouvrage : LE JUDO de Amanda Added et Cyril Soyer Editions Fleurus, 48 pages, 12,50 € (contient un DVD).
Il a également contribué à un ouvrage : LE JUDO de Amanda Added et Cyril Soyer Editions Fleurus, 48 pages, 12,50 € (contient un DVD).