Chaque été, vous faites le bonheur des téléspectateurs de Fort Boyard. Comment fait-on pour garder l’énergie et l’enthousiasme intacts lorsque l’on est aux manettes d’une émission culte depuis vingt ans ?
Olivier Minne : Quand j’ai réalisé que je tournais cette année ma vingtième saison, j’avoue que j’ai été surpris. Surpris de constater que ce long chemin de télévision avait été parcouru sans que je m’en aperçoive. Il faut croire que je ne m’en suis jamais lassé ! Cela tient sans doute à la relation très particulière que j’entretiens avec ce programme et avec ceux qui le font exister. Fort Boyard ne se résume pas pour moi à un format d’émission de divertissement. Ma relation avec les équipes techniques et de production est elle aussi très forte.
Les personnalités qui participent à l’émission connaissent généralement aussi des émotions fortes, ne serait-ce que physiquement avec les défis à réaliser. Les tournages sont-ils aussi sportifs pour vous que pour eux ?
Contrairement à eux, je n’ai pas à faire les épreuves. Cela dit, chaque équipe tourne un épisode en une journée tandis que je dois tenir le rythme quotidien pendant trois semaines. Résultat, je passe mon temps à courir de haut en bas et de droite à gauche dans l’équivalent d’un immeuble de dix étages sans ascenseur. Mieux vaut avoir un bon cardio pour tenir le coup ! [Rires]
Suivez-vous un entraînement particulier pour être en forme avant de commencer les tournages ?
Il faut relativiser car je ne pars pas non plus en camp d’entraînement militaire ! Je suis vigilant toute l’année sur mon hygiène de vie et je tâche d’être en forme avant de commencer les tournages. Cela passe simplement par la pratique régulière d’activités physiques et une alimentation saine.
Il y a Olivier Minne animateur sur France 2 de Fort Boyard et du jeu quotidien Tout le monde a son mot à dire. Mais il y a aussi le Olivier Minne comédien et romancier. Comment arrivez-vous à conjuguer toutes ces activités ?
En dehors de Fort Boyard, il n’y a que trois ou quatre cessions de tournage des jeux dans l’année. Je dispose donc de beaucoup de temps libre. Par ailleurs, j’ai décidé de renoncer au métier d’acteur il y a quelques années déjà, même si j’ai quitté à 20 ans ma Belgique natale pour réaliser mes rêves de théâtre à Paris. La vie m’a embarqué ailleurs et c’est souvent compliqué de pouvoir exister aussi bien en tant qu’animateur que comédien. Certains ont réussi mais ça n’a pas été mon cas. Ce n’est pas grave car ce que j’ai appris dans les cours de théâtre que j’ai suivis à Paris et à Los Angeles nourrit mon écriture.
Comment l’envie d’écrire est-elle née chez vous ?
En fait, j’ai écrit à l’âge de 11 ans des contes pour ma sœur. Je ne m’en souvenais pas et c’est ma mère qui a retrouvé le manuscrit il y a quelques années. Je ne sais pas pourquoi j’ai mis l’écriture de côté pendant tout ce temps alors qu’elle était si présente chez moi quand j’étais enfant. Je pense qu’elle s’est éloignée de moi à l’adolescence, lorsque j’ai commencé à piquer des livres dans la bibliothèque de ma mère et de mon grand-père. Ayant eu à ce moment-là des chocs littéraires importants, j’ai fortement douté de mes capacités et je n’ai pas voulu prendre le risque d’écrire des choses qui seraient sans doute dénuées d’intérêt.
Depuis, vous avez publié quatre livres, dont un roman. Quel a été le déclic ?
En 2002, je suis parti vivre à Los Angeles et contre toute attente, ma rencontre avec Louis Jourdan [NDLR : acteur français star à Hollywood dans les années 40] m’a remis sur le chemin de l’écriture. Après avoir publié sa biographie aux éditions Séguier, mon éditeur Jean Le Gall m’a dit : « maintenant, il faut que tu ailles vers le roman ». Au départ, j’étais un peu timide par rapport à ça en me disant que je n’y arriverai pas. Et puis au bout d’un moment, je me suis dit que ce qui est important dans une vie, c’est de laisser aux autres le soin de voir chez vous ce que vous n’êtes pas forcément capables de voir par vous-même. En ce sens, vieillir peut avoir du bon.
Vous partagez aujourd’hui votre vie entre Paris et Los Angeles. Que trouvez-vous là-bas que vous n’avez pas ici ?
J’y suis allé au moment où je n’avais plus rien ici et où plus personne ne se préoccupait de savoir ce que je devenais. J’ai débarqué là-bas avec mon sac, mais sans savoir ce qu’allait être ma vie et ce que j’allais devenir. C’est toujours un peu compliqué d’en parler parce que c’est pour moi une terre particulière. D’ailleurs cette expérience fera peut-être un jour l’objet d’un livre. Non pas pour me lamenter de ce qu’a pu être une partie de ma vie, mais au contraire donner aux gens l’idée que parfois – pas toujours ! –, il est possible d’emprunter un autre chemin pour essayer de se remettre en selle et retrouver confiance en soi. Ce chemin-là, je l’ai parcouru en allant là-bas. Il fallait que ce soit loin, dans un endroit que je ne connaissais pas, pour me trouver. J’ai eu le besoin de me mettre à l’épreuve, non pas pour me faire davantage mal, mais pour me confronter à une situation qui allait peut-être, sans garantie aucune, me révéler à moi-même.
L’exil vous a-t-il permis de transformer vos blessures en sagesse existentielle ?
Je ne sais pas, c’est délicat d’avoir un avis objectif sur soi. Je fais partie de ceux qui ont tendance à avoir une opinion extrêmement dégradée d’eux-mêmes. J’ai bien conscience de mes faiblesses… Ce que je peux dire c’est que j’ai toujours essayé de fuir ce qui pouvait, à un moment donné, me définir.
En route pour Hollywood
C’est d’une plume enchanteresse qu’Olivier Minne nous embarque dans les coulisses d’un mythique hôtel hollywoodien. Planté entre les années 20 et 80, son récit haut en couleur fait se croiser vraies stars du septième art et personnages fictifs dans l’intimité d’un établissement réputé pour son goût des excès.
Un château pour Hollywood d’Olivier Minne (Séguier, 21 €).