Avaler un traitement sans principe actif peut parfois être aussi efficace que le vrai traitement. Le Pr François Chast, Président honoraire de l’Académie nationale de Pharmacie, décrypte ce phénomène.
En administrant des pilules de mie de pain à certains de ses patients, Jean Nicolas Corvisart, le médecin de Napoléon Ier, ne faisait que renouer avec une technique ancestrale puisque les médecins de la Grèce antique n’hésitaient pas à prescrire des toiles d’araignée ou de la poussière de roche avec succès, sachant que ces drôles de produits n’auraient aucun effet, mais ils misaient sur un accompagnement empathique, sinon chaleureux de la prescription afin de renforcer la confiance des malades.
Les placebos sont-ils de faux médicaments ?
Aujourd’hui les placebos peuvent effectivement être considérés comme de « faux médicaments », au sens où ils ne contiennent pas de principe actif, mais force est de constater que dans 35 % des cas, ils agissent. Performance à expliquer. On sait, par des travaux récents, que cet effet placebo (« je plairai », en latin) se produit dans le contexte thérapeutique où tous les acteurs ont un rôle : le patient et son entourage, le prescripteur et peut-être encore davantage la nature de la relation entre les deux. L’apprentissage, la mémoire, la motivation, la récompense, la réduction de l’angoisse, sont autant de paramètres psychologiques qui expliquent le fonctionnement du placebo, avec deux moteurs essentiels, l’espoir de guérir et le conditionnement mental, associant la prise du médicament (placebo ou non) à des messages positifs d’amélioration de la santé[i].Tout le monde est-il concerné par l’effet placebo ?
L’effet placebo se révèle à tous les âges de la vie, même chez le nourrisson ; et on ne note pas de différence sensible entre les sexes. Il apparaît toutefois plus ou moins intense selon la nature du patient, le rapport qu’il entretient avec son médecin et, bien sûr, selon la maladie visée. On remarque ainsi que la douleur et les troubles psychologiques, les troubles digestifs, les maladies de peau et les allergies sont naturellement concernés. L’intensité de l’effet placebo varie en fonction de la présentation ou du mode d’administration du médicament, de la réputation et de l’implication du praticien, s’il inspire confiance, se montre attentionné, à l’écoute du patient. Il est toutefois important de considérer que la volonté de guérir ou la nature de l’attente sont au cœur de la réussite d’un traitement placebo.Comment fonctionne un placebo ?
L’effet placebo démontre clairement que le rituel du traitement fait partie de l’acte thérapeutique. L’idée de recevoir des soins est un élément essentiel pour le patient, dont la médecine moderne, pressée et trop fréquemment technique, ne tient pas assez compte. Pour autant, son action n’est pas seulement subjective comme cela a été prouvé dans le domaine de la douleur. Grâce aux progrès de l’imagerie médicale, on a pu montrer, par exemple, que le placebo induit les mêmes modifications du métabolisme du cerveau que la morphine. Plusieurs essais ont montré que la manière de donner le placebo valait autant que le placebo lui-même, ce qui est vérifié avec des thérapeutiques non médicamenteuses comme l’acupuncture pour laquelle l’utilisation de points volontairement erronés a, au bout de six semaines, les mêmes effets que l’utilisation des « bons ».Les placebos doivent-ils être dévalorisés ?
Dès lors, est-il dévalorisant pour un médicament d’être considéré comme un placebo ? L’injure est limitée puisqu’on sait que l’effet placebo prend sa part à l’effet thérapeutique, donc à la guérison. L’effet placebo recouvre-t-il un pieux mensonge ? On peut aisément « couvrir » ce mensonge quand le risque d’effet indésirable d’un « vrai » médicament semble être démesuré vis-à-vis de la santé du patient. Dans ce cas, une prescription inoffensive doit prendre le pas sur un médicament plus incisif mais dangereux. Il faut simplement se méfier des placebos qui pourraient être dangereux : certaines maladies ne peuvent pas attendre un vrai traitement (les affections graves comme les infections profondes ou les cancers). Et d’une manière plus générale, la relation éthique que le médecin lie avec son patient peut-elle se conjuguer avec la prescription d’un placebo ?Extrait de...
LES MÉDICAMENTS EN 100 QUESTIONS, de François Chast, Président honoraire de l’Académie Nationale de Pharmacie.
Éditions Taillandier, 2016,
14.90 €.
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