Opioïdes : les ordonnances se corsent

Opioïdes : les ordonnances se corsent
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Abus, surdosages, dépendance… L’ANSM prend de nouvelles mesures pour stopper les dérives liées à la consommation de tramadol et de codéine. Dès le 1erdécembre 2024, ces deux antidouleurs devront être prescrits sur une ordonnance sécurisée.  

Permettre aux Français de continuer à en user, mais sans en abuser. Tel est le mot d’ordre de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) concernant le tramadol et la codéine, en réponse à l’augmentation croissante de leurs « mésusages, dépendances et surdosages ». Pour mettre l’injonction à exécution, l’ANSM a décidé d’appliquer à ces deux puissants analgésiques les mêmes conditions de délivrance que les médicaments à base de morphine et certains psychotropes. À savoir, sur présentation d’une ordonnance dite « sécurisée ». Comprenez « infalsifiable ». Ainsi, à partir du 1er décembre, seules les ordonnances cochant des cases bien précises seront recevables en pharmacie : le dosage, la posologie et la durée du traitement (pas plus de trois mois sans nouvelle prescription) devront être rédigés en toutes lettres par le prescripteur. « Typiquement, une personne ne pourra pas rajouter un 1 devant 3 boîtes pour obtenir 13 boîtes. Il sera inscrit “trois boîtes” à la place », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

Sécurité renforcée

Surveillée comme le lait sur le feu par les autorités, la consommation de tramadol et de codéine n’en est pas à ses premiers commandements à visée sécuritaire. En juillet 2017 déjà, les médicaments contenant de la codéine ont été soumis à prescription médicale. En avril 2020, l’ANSM a réduit la durée maximale de prescription des médicaments contenant du tramadol à 12 semaines. L’institution a par ailleurs demandé aux laboratoires de commercialiser des boîtes contenant moins de comprimés, adaptées aux traitements de courte durée, en complément des formats déjà disponibles. Des mesures utiles mais insuffisantes au regard du résultat des enquêtes de pharmacodépendance et d’addictovigilance menées par les autorités. Elles ont montré la persistance des cas de mésusage (abus, surdosages), de dépendance et de présentation d’ordonnances falsifiées pour ces médicaments.

« Ce sont de très bons médicaments pour soulager la douleur, mais compte tenu des risques qu’ils présentent, il est important de renforcer leur bon usage », a résumé à l’AFP Philippe Vella, directeur médical à l’Agence nationale de sécurité du médicament. C’est chose faite !