Épilepsies réfractaires aux traitements disponibles, insomnies et troubles du sommeil paradoxal, douleurs récalcitrantes… et si le CBD venait enrichir la pharmacopée pour mieux lutter contre certains problèmes de santé publique ? C’est en tout cas ce que laissent présager les dernières études qui explorent le potentiel thérapeutique de cette molécule non psychotrope extraite du chanvre.
CBD et épilepsie : les travaux du professeur Orrin Devinsky
Directeur du NUY Comprehensive Epilepsy Center et de l’Institute of Neurology and Neurosurgery, le professeur Orrin Devinsky est une figure marquante de la recherche sur les neuropathies, notamment dans leur forme réfractaire aux traitements disponibles.
Selon les chiffres de l’OMS, près de 70 % des personnes qui souffrent d’épilepsie n’ont pas accès au traitement, que ce soit à cause de la cherté des médicaments et protocoles thérapeutiques disponibles, ou à cause d’une forme d’épilepsie pharmaco-résistante. C’est pourquoi la communauté scientifique expérimente de nouvelles molécules pour enrichir la pharmacopée. Grâce à son effet sur les récepteurs du système endocannabinoïde et ses propriétés antalgiques, le cannabidiol (CBD) présente un potentiel thérapeutique intéressant.
En 2018, les équipes du professeur Orrin Devinsky ont publié deux études randomisées et en double aveugle pour explorer la capacité de l’huile de CBD à améliorer le quotidien des enfants souffrant d’épilepsie. Synthèse des résultats :
• La première étude a démontré la capacité de l’huile de CBD à 10 % (et de fabrication contrôlée) à réduire la fréquence des crises atoniques chez 42 % des jeunes patients atteints du syndrome épileptique de Lennox – Gastaut ;
• La deuxième étude a mis en exergue la capacité de l’huile de CBD à 10 % à réduire de moitié le nombre de crises chez 43 % des jeunes patients souffrant du syndrome épileptique de Dravet.
Dans les deux études, les effets secondaires de la molécule se sont avérés bénins et passagers, avec essentiellement un état de somnolence et des troubles du transit intestinal.
Le cannabidiol pour améliorer la qualité du sommeil
Lorsqu’il s’agit d’évaluer la qualité du sommeil des Français, les études se suivent et se ressemblent. Selon le dernier baromètre de Santé Publique France, nous aurions perdu environ une heure et demie de sommeil par nuit en une cinquantaine d’années, avec des nuits de moins de 7 heures en semaine. Dans un récent sondage de l’Ifop, 7 Français sur 10 concèdent des problèmes de sommeil.
Véritable problème de santé publique, le manque de sommeil augmente les risques de diabète et de maladies cardiovasculaires et entame la qualité de vie avec des troubles de l’humeur et de l’attention.
Les causes sont généralement réversibles, avec le plus souvent un stress mal maîtrisé. Fort de ses propriétés apaisantes et relaxantes, le CBD fait l’objet d’un certain engouement de la part des experts du sommeil.
Une étude réalisée sur 103 adultes souffrant d’épisodes d’insomnie récurrents a évalué le potentiel du CBD pour favoriser un endormissement rapide. Les conclusions sont particulièrement encourageantes, puisque le CBD a permis de réduire les scores d’anxiété de manière substantielle chez 79,2 % des patients, avec une amélioration notable du sommeil chez deux tiers des participants. Dans une autre étude, le CBD a permis de baisser la fréquence et l’intensité des troubles du sommeil paradoxal, notamment la verbalisation nocturne et les spasmes musculaires.
La grande expérimentation du ministère de la Santé et des Solidarités
En 2017, le comité d’experts de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a clarifié sa position sur le cannabidiol. « Le CBD ne semble pas présenter de potentiel d’abus ou de nocivité pour la santé », peut-on lire dans le communiqué de presse. Dans la foulée, l’Agence Mondiale Antidopage (WADA) a retiré le CBD de sa liste des produits dopants interdits en compétition.
Couplé aux résultats prometteurs des études citées plus haut, ce macroenvironnement favorable a poussé le ministère de la Santé et des Solidarités à lancer une grande expérimentation pour évaluer le potentiel thérapeutique du CBD dans un large spectre d’indications définies par l’Agence nationale pour la sécurité du médicament et des produits de Santé (ANSM). L’épilepsie, les symptômes rebelles en oncologie et la douleur associée à certaines neuropathies sont concernés.
La filière française du CBD : une demande massive et une offre qui se structure
Depuis la décision favorable de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) en 2019, la filière française du CBD s’est progressivement structurée. Aujourd’hui, et selon les chiffres de l’interprofession des métiers du chanvre (Interchanvre), la France compterait 7 millions de consommateurs qui s’approvisionnent dans les quelque 3 500 points de vente physiques, les boutiques en ligne comme le grossiste CBD Pro 4 You, en parapharmacie ou dans les grandes surfaces de distribution.
