Les médecines « douces » au secours des jambes lourdes

Les médecines « douces » au secours des jambes lourdes
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Tous les symptômes douloureux de l’insuffisance veineuse chronique diminuent pendant les 18 jours de cure. Et le soulagement perdure longtemps après.
 
Si vos jambes vous font mal, vous semblent pesantes et gonflées en fin de journée, particulièrement quand il fait chaud ou orageux, après être resté assis ou avoir piétiné longtemps, voire porté un jean trop serré avec des hauts talons… Ou encore si vous avez facilement des crampes nocturnes, des fourmillements, des démangeaisons, il est fort possible que cela soit dû à des troubles de la circulation veineuse. Dans ce cas vous, n’êtes pas tout(e) seul(e)! Plus d’une femme sur deux et d’un homme sur cinq souffre des mêmes symptômes – faible consolation, certes.

Veines et déveine

Cette gêne ne se reproduira peut-être jamais. Mais si elle se répète ou persiste, associée ou non à l’apparition de veinules marbrant la peau (les télangectiasies), de varices ou d’un œdème au niveau de la cheville, il est temps de s’inquiéter. Ce sont les symptômes d’une insuffisance veineuse débutante qui, contrairement aux idées reçues, n’est pas l’apanage de l’âge. Elle peut survenir chez des ados en surpoids, la jeune femme sous pilule, la femme enceinte ou les sportifs de haut niveau. Dès les premiers signes, mieux vaut consulter. Non prise en charge, l’insuffisance veineuse évolue vers la chronicité dans 80% des cas. L’échographie-doppler permet de connaître l’état de la circulation veineuse profonde et superficielle et d’adapter le traitement.  

Optimiser le retour veineux

À savoir

Plus de 18 millions de personnes souffrent d’une mauvaise circulation des membres inférieurs.

  • Près de 10 millions ont des varices visibles.

  • Seuls 30% des patients sont suivis. 7 ans se passent entre les premiers signes et la première consultation.
L’insuffisance veineuse des membres inférieurs est une pathologie complexe d’origine multifactorielle (sexe, surpoids, grossesse, hérédité, chaleur, transports, métier fatigant, alimentation, mode de vie, vêtements non adaptés, sédentarité). Quelle que soit la cause, les conséquences sur la tonicité des veines sont les mêmes : devenues moins élastiques, elles se dilatent. Les clapets – des valvules tapissant leurs parois internes – n’assurent plus le retour sanguin vers le haut du corps. Le sang stagne alors au niveau des membres inférieurs, les tissus, les muscles et la peau mal drainés s’engorgent progressivement, d’où cette impression de pesanteur. Ce dysfonctionnement peut lui-même ralentir la circulation de la lymphe – on parle alors d’insuffisance veino-lymphatique. En l’état actuel des recherches il n’existe pas de traitement radical pour qu’une veine dilatée revienne à son état initial. S’il est un domaine où certaines médecines complémentaires ont un rôle à jouer, c’est bien celui de l’insuffisance veineuse. Elles réduisent les symptômes dus à la stase, renforcent la tonicité de la paroi des veines, régulent le flux sanguin et calment les douleurs. Chaque méthode ayant ses limites, rien n’empêche de les combiner pour optimiser le retour veineux.  

La phytothérapie soulage et tonifie les jambes

  En médecine classique, les médicaments veinotoniques sont d’origine synthétique ou produits à partir de plantes réputées pour leur action anti-inflammatoire et circulatoire (type Endotélon à partir de pépins de raisins,  Ginkor Fort à partir du ginkgo). Les mêmes qu’utilise sous forme de totum la phytothérapie, notamment pour leur richesse en flavonoïdes. Ces substances antioxydantes ont un effet vasculoprotecteur et constricteur avec une tendance à fluidifier le sang. Les plantes qui en contiennent, souvent de couleur rouge, agissent sur l’élasticité et la tonicité des vaisseaux.

En cures ou en continu

Les plantes à visée circulatoire sont utilisées en cures de quelques mois à renouveler, voire en continu. Les galéniques (gélule, ampoule, stick, teinture mère ou EPS-extraits secs ou fluides standardisés) et les posologies varient selon l’importance et l’évolution de la maladie veineuse. En phase d’attaque ou d’entretien, la phytothérapie répond aux plaintes les plus fréquentes.
  • Jambes lourdes sans signe visible ou palpable mais avec douleurs, démangeaisons survenant quand il fait chaud. Vigne rouge, cyprès, mélilot, hamamélis, fragon sont alors prescrits. Exemple : teinture-mère de cyprès (50 gouttes 2 ou 3 fois par jour) ; EPS de vigne rouge-hamamélis (5 ml 2 fois par jour). « Ce, sans interruption pendant tout l’été, avec un dosage adapté selon la température. Le traitement symptomatique s’arrête en même temps que la période à risque. En revanche, lorsque les douleurs perdurent à cause de conditions de travail délétères pour les jambes, le traitement se poursuit par cure renouvelée, incluant le port d’une compression », précise le Dr Beck, généraliste spécialisé en phytothérapie et micronutrition
  • Avec veinules éclatées, veines réticulaires (1 à 3 mm), picotements. Leur apparition est favorisée par la fragilité capillaire dont l’une des causes est le stress oxydatif provoqué par les radicaux libres en excès qui agressent le tissu veineux. « Pour contrer l’oxydation cellulaire et fortifier le système circulatoire en général il est bon d’augmenter les apports en flavonoïdes, ajoute l’expert. En rectifiant l’alimentation et, si besoin, en la complétant par des micronutriments sous forme de complexes antioxydants à base de flavonoïdes, vitamines C, E, sélénium selon les carences détectées.»
  • Avec varices de plus de 3mm, parfois associées à une insuffisance veinolymphatique provoquant des œdèmes en fin de soirée. La vigne rouge est alors combinée au mélilot dont l’action lymphokinétique résorbe l’œdème. Phytostandard Mélilot/vigne rouge 1 à 2 comprimés 2 fois par jour. En cas de chirurgie, la phytothérapie est utilisée si les symptômes persistent.
 
  • À un stade avancé, quand l’insuffisance veineuse s’accompagne d’œdème permanent, d’affections cutanées (pigmentation, hypodermite), d’ulcère cicatrisé ou actif, les plantes veinotoniques restent de précieuses alliées. L’association ginkgo et mélilot par exemple a une triple action : fluidifiante, capillaire, lymphatique. Le ginkgo prescrit sous forme d’EPS peut aussi être couplé à la prêle, protectrice et cicatrisante.
 

Réponses d'expert : une écoute attentive

Dr Marc BeckDr Marc Beck
Généraliste, spécialisé en phytothérapie et micronutrition

En phytothérapie, grâce aux nombreuses plantes reconnues pour leurs bienfaits circulatoires et antalgiques, le traitement d’abord symptomatique soulage sur une période courte. Puis, une fois les causes à l’origine des troubles connues, on soigne le terrain afin de prévenir la récidive. Notre écoute doit être aussi fine que l’examen clinique afin de déterminer les plantes qui conviennent au profil de chaque patient. La prescription est affinée pour correspondre autant à la plainte exprimée qu’à la physiopathologie du trouble veineux diagnostiqué. Tel est l’objectif de la phytothérapie clinique individualisée. Quant aux huiles essentielles, mieux vaut les appliquer par voie externe sous forme de pommade, gel, huile sur les jambes pour apaiser et apporter de la fraîcheur.
 

La solution homéopathique pour des jambes plus légères

  Les médicaments homéopathiques sont remboursés à condition d’être prescrits par un médecin ou une sage-femme. « Comme ils n’ont aucune toxicité ni contre-indication, ils sont prescrits pendant la grossesse en cas de jambes gonflées, douloureuses. Ou encore lorsque les problèmes de circulation surviennent tôt sur certains terrains, notamment chez les adolescents en cas d’hérédité familiale, les jeunes filles avec la première pilule contraceptive ou plus tard chez la femme ménopausée » C’est ce que préconise Monique Quillard, généraliste-homéopathe, et auteure de L’homéopathie, ma petite pharmacie familiale (Solar-Santé).

3 souches à avoir sous la main

Arnica, Hamamélis et Vipéra sont les trois médicaments symptomatiques des jambes lourdes. Les deux premières souches en basse dilution à 5CH, la troisième en 9CH. Chacune a une indication précise selon les signes cliniques observés. Par ordre de gravité :
  • Arnica : sensation de jambes lourdes accompagnée d’une fragilité capillaire se traduisant souvent par des bleus.
  • Hamamélis: jambes gonflées avec œdèmes.
  • Vipéra : varices et cordons variqueux visibles. Vipéra est le médicament spécifique des varices, il apaise la douleur tout en diminuant les phénomènes inflammatoires et donc prévient le risque de phlébite.
Seuls ou associés, leur posologie est de 5 granules 3 fois par jour en continu pendant toute la durée des mois de chaleur. Des cures de 3 semaines par mois tout au long de l’année sont indiquées si cela se produit dans un contexte professionnel (station assise ou debout prolongée). « Comme l’homéopathie est toujours du sur-mesure, l’interrogatoire médical complète la prescription avec un ou deux médicaments de terrain selon le profil du patient. Lachésis, Sépia et Pulsatilla sont les plus fréquents. À raison d’une dose globule par semaine à prendre pendant toute la période de chaleur ou l’année entière selon le métier exercé », précise le Dr Quillard. À noter qu’en cas d’antécédents familiaux circulatoires ou des problèmes veineux chroniques, le traitement de fond est à suivre en permanence. Avec par exemple, une dose globule tous les 15 jours en hiver, puis une fois par semaine pendant les mois chauds. L’homéopathie peut être complétée par le port de bas de compression et la phytothérapie.

Et en cas de grossesse ?

Pas de danger avec l’homéopathie qui a le grand avantage de ne pas y être contre-indiquée ni pendant l’allaitement. La pesanteur des jambes est un symptôme fréquent chez nombre de femmes enceintes car les modifications hormonales et la présence du bébé dans le ventre peuvent provoquer troubles circulatoires, lourdeurs des jambes et hémorroïdes, ou les aggraver. Pour soulager, il existe des préparations toutes prêtes regroupant plusieurs souches : Hamamélis composé par exemple à raison de 5 granules matin et soir.  

Conseils de Pharmacien : calmer les hémorroïdes

Une mauvaise circulation peut aussi se manifester par des hémorroïdes qui sont en réalité des varices au niveau de l’anus. Plus gênantes et douloureuses que graves, elles empoisonnent la vie d’une personne sur deux après 45 ans. La crise hémorroïdaire fait mal, brûle, démange. Dès le début, se laver à l’eau fraîche puis prendre 4 fois par jour 5 granules d’Aesculus composé, puis en entretien matin et soir. Pour traiter la douleur, Aesculus 5CH et Arnica 5 CH en alternance, 5 granules toutes les 3 heures jusqu’à disparition des symptômes. Si les hémorroïdes sont très enflammées et douloureuses : Ratanhia 5CH, 4 fois par jour. Pour soulager brûlures et démangeaisons, appliquer localement de la pommade ou des suppositoires matin et soir en période de crise : Avenoc (Boiron) ; NeoFitoroid (Aboca). Pour diminuer la dilatation des veines entre les poussées, le traitement de fond repose sur les souches homéopathiques indiquées contre les jambes lourdes.
 

La compression médicale facilite le retour du sang

  Déjà dans l’Antiquité, l’usage de bandages en lin inextensibles était rituel et thérapeutique. Du Moyen-Âge jusqu’au XIXe siècle, pour traiter les varices on utilisait uniquement des bandages rigidifiés par une plaque de plomb ou du cuir lacé. Le traitement compressif élastique apparaît avec l’ère du caoutchouc. Principalement en Allemagne où, en 1930, on comptait 310 fabricants de bas élastiques. Depuis, les techniques de tissage et les matériaux n’ont cessé d’évoluer vers davantage de confort, de sophistication et d’esthétique voire de transparence ! Exit les affreux « bas à varices » : de nos jours les dispositifs médicaux de compression ne se cachent plus, avec un objectif de soin préservé et garanti.

Compenser et soulager

Telle une prothèse, la compression élastique compense le système vasculaire déficient en le soutenant de l’extérieur. Comme elle augmente avec la contraction musculaire, elle renforce la pompe veineuse du mollet. Collants, chaussettes, bas compressifs doivent exercer une pression dégressive : élevée au niveau de la cheville, elle diminue progressivement vers le haut de la jambe. Le retour veineux est facilité, la circulation dans la jambe se fait mieux, le sang y est mieux oxygéné et les tissus et la peau mieux nourris. Le traitement compressif permet aussi de réduire l’œdème et d’empêcher l’évolution vers l’ulcère variqueux. L’autre bénéfice immédiat est le soulagement des douleurs à condition d’être observant et de respecter les règles d’enfilage. Si ce dispositif médical n’est pas bien placé, il risque d’aggraver une situation déjà fragile. Pour compléter le mode d’emploi délivré à l’officine, la Société française de phlébologie propose sur son site (www.sf-phlebologie.org) des vidéos sur les techniques d’enfilage. Idem chez les principaux spécialistes de la compression où les explications audiovisuelles concernent les différents modèles et niveaux de compression.

4 classes de pression active

C’est le pharmacien ou l’orthopédiste qui détermine la taille adéquate selon le niveau de pression défini par l’ordonnance du médecin traitant. Lui-même l’ayant établi selon le type de maladie veineuse, son stade d’évolution et la morphologie de son patient. Tel un médicament, la compression élastique, prise en charge par la « Sécu », est prescrite avec un dosage précis : les 4 classes (de la 1 légère à la 4 très forte) sont définies en fonction du niveau de pression exercée entre la cheville et le genou ou la cuisse. La classe 2 est la plus prescrite, parfois les bas et les chaussettes sont superposés. L’ordonnance détaille également la durée et le moment du port (en continu ou ponctuellement lors d’un long voyage en avion ou en voiture, et selon les conditions de travail). Le renouvellement se faisant dans les limites d’un usage raisonnable et des contre-indications. Actifs à l’effort comme au repos, les dispositifs compressifs sont enlevés la nuit. À l’exception de la classe 0 dite de confort, non remboursée celle-là, les dispositifs compressifs ne doivent pas faire l’objet d’une automédication. Parmi les nouveautés : bas et mi-bas Varisma®Douceur d’Innothera coloris opale en pied ouvert pour une plus grande liberté de mouvement ; chaussettes homme Optimum-Tech de Gibaud avec une semelle massante et aérée ; gamme Diaphane de Sigvaris spéciale grossesse ; bas Venoflex® Incognito Absolu de Thuasne qui permet le port de chaussures ouvertes devant…  

Réponses d'expert : s’auto-masser fait aussi circuler le sang

Valérie PerrèveValérie Perrève
Masseuse professionnelle à l’espace Weleda

Deux gestes simples à la portée de tous, à pratiquer souvent, en prévention comme en récupération, dès qu’une lourdeur des jambes ou une tension des muscles se fait sentir.

1) Placer les pieds dans une bassine d’eau froide ou tiède avec des essences de bain. Dans le fond : une balle et un galet sur lesquels il s’agira, debout, de faire rouler les pieds, en alternance. Ce qui masse la voûte plantaire, l’assouplit, draine ses toxines, stimule la pompe veineuse et agit sur tous les points réflexes du corps.

2) Hors de l’eau, appliquer une huile de massage relaxante, circulatoire, spéciale jambes… selon ses préférences. À la bonne dose : sans rendre la peau brillante en l’inondant d’huile. Masser la plante du pied avec le poing fermé en appuyant du talon aux orteils, puis revenir en arrière en effleurant la plante avec la main ouverte. Plusieurs fois de suite. Puis, en remontant de la cheville au mollet, palper, lisser, pétrir la jambe. Finir en tapotant avec le poing fermé sans oublier l’arrière du mollet ; idem avec le genou, la cuisse. Ce qui améliore le flux sanguin, oxygène la peau, les muscles et contribue à une relaxation du corps tout entier.
   

La cure thermale améliore durablement la circulation sanguine

  Preuve à l’appui avec l’étude Therm&Veines à laquelle ont participé 12 stations thermales (liste sur www.medecinethermale.fr) ayant pour orientation la phlébologie et 452 patients. Ces derniers ont été contrôlés au début et à la fin du séjour, puis l’année qui a suivi. Le médecin évaluateur ignorait qui avait fait une cure ou pas. « Les résultats ont montré que la cure améliorait à un an la qualité de vie car elle agit sur la totalité des symptômes fonctionnels douloureux aux différents stades de l’insuffisance veineuse, chacun bénéficiant de l’ensemble des soins. En effet le traitement thermal, en facilitant le retour veineux, combat la dégradation quel qu’en soit le niveau. Du coup, il protège aussi l’état de la peau et donc évite la survenue de l’ulcère variqueux, ce qui n’est pas rien en termes de santé publique », commente le Dr Jérôme Laurès, angiologue, collaborant au Centre de recherche universitaire de La Léchère-les-Bains, dirigé par le Pr Carpentier, chef du service de médecine vasculaire au CHU de Grenoble.

Des soins antalgiques et circulatoires

L’objectif de la cure de 18 jours consécutifs est de compenser le mauvais retour veineux. À son programme, 4 soins hydrothermaux quotidiens qui optimisent le flux capillaire, tonifient les veines, mobilisent les muscles et les articulations : – couloir de marche et gymnastique en eau profonde pour stimuler la voûte plantaire et la pompe veineuse du mollet ; – bain et douche régulateurs de la micro-circulation cutanée ; – massage manuel des jambes sous affusion pour activer la circulation, drainer et réduire les œdèmes ; – compresses à l’eau thermale pour calmer la douleur et décongestionner les membres... La cure favorise une mobilisation douce et progressive du corps. Elle permet aussi de suivre une éducation thérapeutique sur la maladie veineuse, de la rééducation, de parler à d’autres personnes qui souffrent des mêmes maux. La prise en charge globale procure un soulagement à la fois physique et mental