La fragilité cardiovasculaire

La fragilité cardiovasculaire
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Les maladies cardiaques représentent la première cause de mortalité chez les femmes tandis que les hommes décèdent davantage de cancers. Une observation surprenante, à l’encontre de ce que l’on pensait jusqu’ici.

Une meilleure prise en charge des accidents cardiaques, au moment où ils se produisent et au décours, a sans doute permis aux hommes de mieux se rétablir après un infarctus, expliquant qu’ils meurent davantage de cancer. Pourquoi, alors, les femmes, censées être protégées, au moins jusqu’à la ménopause, par leurs hormones, s’en sortent-elles moins bien ? Avec 200 décès par jour en France et 76 000 par an, le cœur des femmes leur joue à l’évidence de mauvais tours. Mais bonne nouvelle, la majorité de ces accidents est évitable.

Depuis quelques années, les chiffres qui attestent de cette distorsion entre les hommes et les femmes ont soulevé des interrogations sur cette fragilité cardio­vasculaire plus importante de la gent féminine, et ce, à tout âge. Chaque jour, en France, 204 femmes meurent d’une maladie cardiovasculaire contre 35 d’un cancer du sein.

Facteurs de risque

Quel que soit le sexe, les facteurs de risque cardiovasculaire sont universels : le tabac (qui écrase tous les autres), le surpoids le cholestérol, le diabète ou encore l’hypertension artérielle sont les plus redoutables. Le manque d’activité physique et la sédentarité sont également pointés du doigt (ce qui n’est pas tout à fait la même chose : on peut bouger 30 minutes par jour et être sédentaire, c’est-à-dire rester assis sur de longues périodes). Or, ces dernières décennies, les femmes fument plus, mangent trop et moins équilibré, subissent davantage de pression, etc.

Le stress est d’ailleurs le facteur déclenchant de la moitié des dissections coronariennes, une déchirure spontanée et brutale d’une artère nourricière du cœur à l’origine d’infarctus et de morts subites de femmes jeunes, cinquantenaires, sans aucun facteur de risque.

Quel est l’âge de vos artères, coronaires en particulier* ?

Êtes-vous exposée à un risque d’incident cardiaque ? Faut-il suivre d’autant plus docilement les conseils de prévention (manger mieux, bougez plus, etc.) ? Pour le savoir, on peut calculer son âge vasculaire à partir de six données facilement accessibles : le cholestérol, total et sa fraction HDL (le bon), un diabète, un tabagisme et la pression artérielle systolique (le chiffre le plus haut, le plus important en matière de risque), selon qu’elle est traitée ou non. À chaque facteur de risque est attribué un certain nombre de points ; le total correspond à un âge vasculaire… qui peut être très éloigné de l’âge réel !

* https://www.comitehta.org/testez-vous/quel-est-votre-age-vasculaire, du Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle.

Et les hormones ?

Avant la ménopause, les hormones, plus spécifiquement les œstrogènes, protègent les femmes des maladies cardiovasculaires en réduisant le mauvais cholestérol et en augmentant le bon. Mais cette protection s’atténue avec les contraceptifs hormonaux (associée au tabac, une pilule œstroprogestative accroît le risque de formation de caillots sanguins) et disparaît avec la ménopause.

Lors de la grossesse par exemple, un diabète gestationnel ou une hypertension peuvent s’installer durablement et peser lourd dans la balance des risques, surtout si d’autres facteurs de risque coexistent : 9 femmes sur 10 en ont au moins deux, et deux tiers présentent des facteurs de risque psychosociaux susceptibles de précipiter l’accident, tel que le stress chronique.

Mal au cœur ?

La première étape cruciale est la reconnaissance de la douleur. Celle-ci peut être très intense, survenant aussi bien au repos qu'à l'effort, de jour comme de nuit. Il est important de noter qu’une douleur ressentie dans la poitrine ne doit pas être automatiquement associée à un cancer du sein.

Typiquement, la douleur siège derrière le sternum, dans la poitrine (qui semble prise dans un étau), irradie vers les mâchoires, les bras ou le creux de l’estomac. Elle a parfois été précédée de petites alertes douloureuses, mais fugaces. Cette fois, elle ne cède pas et s’accompagne de sueurs, d’essoufflement, de signes digestifs, etc. Une douleur qui peut s’apparenter à un embarras gastrique et retarder le diagnostic. Il faut donc envisager un problème cardiaque, d’autant plus en présence de facteurs à risque (tabagisme, surpoids, etc.). Si la douleur se prolonge au-delà de quelques minutes, on appelle le 15 (et non son médecin traitant), on décrit aussi précisément que possible ses symptômes et on se laisse guider. Chaque minute compte ! Or, le délai médian entre l’apparition des douleurs et l’appel des secours est de 120 minutes (versus 84 pour les hommes). De plus, il est reconnu que les femmes ont tendance à minimiser leurs symptômes, tout comme elles sous-estiment le risque de crise cardiaque !

Réadaptation zappée

Autre caractéristique féminine : une fois entrées dans le parcours de soins et alors qu’elles sont traitées comme les hommes, les femmes décèdent plus fréquemment au décours de l’infarctus, pour des raisons que l’on connaît mal. Ce dont on est sûr, c’est qu’elles ont moins accès à la rééducation cardiaque, faute de temps… Par ailleurs, elles sont relativement plus vulnérables en raison de leur âge plus avancé par rapport aux hommes et, donc, de la présence plus fréquente de comorbidités à ce stade de leur vie. Le décès peut ainsi être lié à d’autres paramètres que l’infarctus.

Mal traitées ?

Enfin, les femmes, jeunes en particulier, sont-elles traitées comme il convient ? Avec les bons traitements ? Aux bonnes doses ? Des questions qu’il convient de se poser lorsque l’on sait que la plupart des essais cliniques sur les médicaments (y compris les quatre « grands » qui, donnés en post-infarctus, ont fait la preuve de leur efficacité en termes de quantité et qualité de vie) sont menés presque exclusivement sur des hommes et ce, notamment pour des raisons pratiques : par exemple, la peur qu’une grossesse survienne sous médicament fait exclure d’emblée des études (à moins d’un test préalable) les femmes en âge de procréer.

Pour préparer sa consultation cardiovasculaire

Le document « Je prépare ma consultation », conçu par Agir pour le Cœur des Femmes.

www.agirpourlecoeurdesfemmes.com