Rhume, grippe, sinusite, bronchite nous mettent à plat en hiver, sans parler de la « gastro » tout aussi dévastatrice. Pour ne pas trop en pâtir, des solutions sont dans l’armoire à pharmacie.
Atchoum ! Atchoum ! Cette onomatopée caractéristique de l’éternuement résonne partout : au bureau, à l’école, dans le bus, le métro, au supermarché, au cinéma, dans la rue… Le signal que l’hiver est bien là avec son cortège d’infections virales ou bactériennes dont les éternuements et la toux intempestive sont les prémices. Et quand on sait qu’à cet acte effectué bruyamment par le nez et la bouche correspond une expulsion violente d’air évaluée à 150/250 km/h, on comprend pourquoi les épidémies de rhume et de grippe se déploient à très grande vitesse.
Le nez, porte d’entrée et barrière
Organe de l’odorat et de la respiration, le nez exerce la fonction de filtre, d’humidificateur et de réchauffeur de l’air inspiré. Et un rôle immunitaire, en permettant l’adaptation de l’organisme à son environnement, qu’il lui soit bénéfique ou délétère. La muqueuse rhinopharyngée qui en tapisse l’intérieur a la capacité de barrer la route aux agresseurs multiples (virus, microbes, allergènes, polluants) à condition qu’elle soit en bon état. Sinon, notre appendice nasal devient la porte d’entrée à toutes les infections rhinopharyngées hivernales. Comme l’observe dans sa pratique quotidienne le Dr Benoit Lamblin, ORL, « elles sont en recrudescence, surtout dans les villes où la pollution, favorisant la fragilisation de la muqueuse nasale, la rend plus inflammatoire, ce qui fait qu’elle devient aussi plus sensible – les virus et autres infectants s’y engouffrent alors plus facilement. Un cercle vicieux ! » Ajoutons que si de nombreuses espèces animales et végétales ont disparu à cause de la pollution, celle-ci n’a aucun impact sur les virus, alors qu’elle en a directement sur nos capacités de défense, le nez en première ligne. Pour que ce filtre fonctionne bien, il faut qu’il soit sain.À savoir
- Chaque année, 2,5 millions de personnes ont la grippe ; une sur 12, la gastro-entérite (source Santé publique France)
- 8 personnes sur 10 ne se lavent pas le nez en dehors des troubles ORL (étude Marimer-Ipsos 2015)
Stratégie anti grippe et anti-rhume : halte aux envahisseurs
Un éternuement signifie aussi « Attention, je vous envoie tous mes virus ! » À chaque salve, en effet, ce sont des milliers de gouttelettes infectées qui sont chassées dehors et retombent partout. D’où la nécessite d’agir dès les premiers symptômes non seulement pour se soigner mais pour ne pas contaminer les autres. Le temps de survie du virus de la grippe, par exemple, est de 5 min sur la peau, 8 à 12h sur les vêtements et les mouchoirs, plusieurs jours sur les surfaces inertes. De plus, comme les virus mutent en permanence et circulent vite on ne peut empêcher leur prolifération. Ils se propagent plus facilement en hiver parce que le froid multiplie les circonstances de promiscuité en nous confinant à l’intérieur des bâtiments ou dans les transports en commun mal aérés, ce qui facilite la transmission par contact. Si l’organisme est affaibli, le nez, débordé par les attaques virales, devient un carrefour encombré d’un grand nombre de pathologies aiguës à répétition ou chroniques. Dans leurs formes banales, la stratégie anti-rhume ou anti-grippe s’appuie sur des mesures simples et préventives. Un domaine où l’automédication est reine en première intention, reposant sur les médecines allopathiques et naturelles éprouvées, souvent combinées pour encore plus d’efficacité.Aux petits maux comme aux grands, les bons remèdes
Personne n’est épargné par le rhume, la rhinopharyngite en terme médical, la plus fréquente des infections respiratoires en hiver. Du bébé aux plus âgés, impossible d’y échapper tant cette pathologie est contagieuse. Qui n’a jamais été «enrhubé» au moins une fois, à chaque saison froide, lève la main. Mais en suivant les mesures préventives recommandées, il est possible d’en repousser l’échéance tout en évitant de contaminer les autres. Or, ces gestes qui reposent en effet aussi sur le civisme sont, hélas, loin d’être appliqués. Conséquences : le nombre important de malades chaque hiver. Idem avec la grippe, l’autre infection virale redoutée. Quant aux autres pathologies ORL – sinusite aiguë, bronchite ou angine –, elles sont la plupart du temps des complications du rhume.Rhume: on le mouche
Toujours viral, mais bénin, un rhume peut être provoqué par plus de 200 virus différents, principalement de type rhinovirus. En pénétrant dans l’organisme, ils déclenchent une inflammation de la muqueuse du nez et du pharynx. « Parce que ses mécanismes de défense sont “sidérés” par le virus, la muqueuse rhinopharyngée réagit par un œdème : elle gonfle et augmente sa sécrétion habituelle de liquide (le mucus), explique Benoit Lamblin, ORL. Le drainage est d’abord extérieur par l’avant ; le nez se met à couler. De clair au début, le mucus devient plus épais et coloré, jaune voire vert. En dépit des apparences, ce n’est pas du pus. Cette hypersécrétion signifie que la muqueuse se détruit pour se reconstituer. C’est sa parade contre l’agresseur. » ◊ Prévention. La vaccination anti-rhume n’existe pas (trop de virus en cause). Aussi est-il préférable d’adopter des mesures préventives avant et pendant l’épidémie tout en renforçant son système immunitaire.- Limiter les contacts directs avec les enrhumés : ne pas serrer les mains, ne pas embrasser, ne pas partager ses effets personnels (verre, brosse à dents, serviette de toilette, mobile). Se laver les mains après avoir touché une poignée de porte, en sortant des WC, après chaque sortie à l’extérieur. Ne pas amener les nourrissons et les enfants dans les lieux très fréquentés comme les centres commerciaux ou les transports en commun.
- Aérer son logement chaque jour pour en renouveler l’air. Ne pas le surchauffer, et encore moins les chambres. L’air sec agresse les muqueuses des voies aériennes et les rend plus sensibles aux agents infectieux.
- L’homéopathie agit bien en prévention sur un terrain un peu immunodéprimé, fatigué.
- Se laver le nez régulièrement avec une solution saline.
À lire aussi :
Réponses d'expert : priorité à l’hygiène nasale
Dr Benoit Lamblin,
chirurgien ORL, Paris
S’il n’y avait qu’un geste à privilégier ce serait le lavage biquotidien du nez, matin et soir –même en dehors des épidémies. Pour être efficace, le filtre nasal doit rester sain, humide et non encombré. Cela limite vraiment le risque d’infection et les rhinopharyngites à répétition. Rincer régulièrement les fosses nasales entretient leur muqueuse, la prépare aux attaques virales ou la remet en état. Soit avec du sérum physiologique à 9 g de sel par litre, la même concentration que le sérum sanguin, ce qui permet un échange neutre. Soit avec de l’eau de mer purifiée au même taux de 9 g/L, dit isotonique, en spray. Les solutions hypertoniques, plus concentrées en sel (33g/00), sont décongestionnantes et réservées à la seule durée du rhume. Quel que soit le mode de survenue de l’infection, le lavage régulier du nez est la première mesure préventive et thérapeutique. Puis, en fonction de la pathologie, du terrain, de la tolérance, on peut ajouter des molécules actives anti-inflammatoires, décongestionnantes. Le traitement agit mieux si, au préalable, le nez est lavé et mouché, ce qui accélère l’évacuation des sécrétions.
chirurgien ORL, Paris
S’il n’y avait qu’un geste à privilégier ce serait le lavage biquotidien du nez, matin et soir –même en dehors des épidémies. Pour être efficace, le filtre nasal doit rester sain, humide et non encombré. Cela limite vraiment le risque d’infection et les rhinopharyngites à répétition. Rincer régulièrement les fosses nasales entretient leur muqueuse, la prépare aux attaques virales ou la remet en état. Soit avec du sérum physiologique à 9 g de sel par litre, la même concentration que le sérum sanguin, ce qui permet un échange neutre. Soit avec de l’eau de mer purifiée au même taux de 9 g/L, dit isotonique, en spray. Les solutions hypertoniques, plus concentrées en sel (33g/00), sont décongestionnantes et réservées à la seule durée du rhume. Quel que soit le mode de survenue de l’infection, le lavage régulier du nez est la première mesure préventive et thérapeutique. Puis, en fonction de la pathologie, du terrain, de la tolérance, on peut ajouter des molécules actives anti-inflammatoires, décongestionnantes. Le traitement agit mieux si, au préalable, le nez est lavé et mouché, ce qui accélère l’évacuation des sécrétions.
Grippe : on se vaccine
De novembre à mars, l’épidémie de grippe revient pendant 9 semaines environ. Cette infection respiratoire aiguë est si contagieuse et imprévisible dans son expression (elle dépend des caractéristiques du virus Influenzae) que les pouvoirs publics lancent chaque année en octobre la campagne nationale de vaccination. Cette pathologie est en effet à prendre au sérieux, car elle atteint l’intégralité de l’organisme envahi par le virus, ce qui peut dégénérer en surinfections chez les plus fragiles. ◊ Prévention À l’approche de cet hiver, 12 millions de personnes ont été invitées par l’Assurance maladie à se faire vacciner, soit près de 500 000 de plus qu’en 2016. Particulièrement les plus de 65 ans, les femmes enceintes et ceux qui souffrent d’une maladie chronique (asthme, diabète, insuffisance cardiaque, pulmonaire ou immunologique). Sont aussi concernés l’entourage des nourrissons présentant des facteurs de risque grave, les personnels de santé, les enseignants, les navigants. Moins d’une personne sur deux pour qui avoir la grippe est un risque s’était fait vacciner l’hiver dernier. ◊ Symptômes. La grippe – souvent confondue avec le rhume – s’exprime par des symptômes associés : forte fièvre, fatigue extrême, douleurs partout (tête, articulations). Le malade est contagieux depuis la veille de l’apparition des symptômes et jusqu’à 3 à 5 jours après, 10 jours chez l’enfant. ◊ Premiers gestes : 2 semaines avant le début de l’épidémie, se faire vacciner par un médecin, une infirmière ou une sage-femme. Ou par un pharmacien volontaire expérimentant cette nouvelle disposition en Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes. Comme les virus grippaux sont très changeants d’une année sur l’autre, la composition du vaccin est adaptée en fonction des souches virales ayant circulé l’hiver précédent, les plus susceptibles d’être à nouveau présentes. Lorsque ce sont les mêmes, la protection est quasi totale. Si un virus a complètement muté, le vaccin n’est pas efficace, ce qui est rarement le cas. En revanche, entre ces deux extrêmes, toutes les possibilités existent ; en moyenne son efficacité est de 70 %. Même si la vaccination ne protège pas à 100 %, elle réduit les formes graves. La surmortalité hivernale due à la grippe a été estimée à 14 400 décès en 2016. Trois vaccins sont pris en charge : Immugrip® (Pierre Fabre Médicament), Influvac® (Mylan), Vaxigrip® (Sanofi Pasteur). Ils sont inactivés et trivalents, c’est-à-dire issus de deux souches du virus A (H1N1 et H3N2) et d’une du B (lignée Victoria). Les autres gestes barrière sont ceux préconisés lors du rhume ou d’une autre infection hivernale. Autrement dit : ne jamais baisser la garde, se protéger du virus, en freiner la circulation et ne pas le transmettre aux proches. ◊ Traiter. Dans sa forme simple, la grippe guérit spontanément en une à deux semaines. On ne peut là encore qu’en atténuer les symptômes avec des antidouleurs (paracétamol), des antipyrétiques, une bonne hydratation, du repos et de la vitamine C pendant et après. «Si des complications surviennent, elles se localisent dans le rhinopharynx avec des symptômes de rhinopharyngite. Ou dans les poumons et se manifestent par une bronchite avec une toux persistante, se prolongeant parfois par une broncho-pneumopathie qui, chez les plus âgés, peut être mortelle. Le traitement rejoint alors celui des pathologies infectieuses pulmonaires, ajoute le Dr Lamblin. L’oséltamivir (Tamiflu®), un antiviral puissant, est uniquement prescrit chez des patients hospitalisés en raison d’une forme grippale sévère. » En homéopathie, les préparations telles que Infludo® (Weleda), L52® (Lehning) ou Oscillococcinum® (Boiron) sont aussi préventives que curatives des états grippaux, conseillées parfois en cas d’allergie au vaccin.À lire aussi :
Sinusite et bronchite aiguës : 2 complications redoutées
Quand le rhume ou la grippe n’en finissent pas et dégénèrent, tous les organes périphériques peuvent être touchés. L’infection atteint la partie haute de la sphère ORL. L’orifice de 5 mm reliant le nez aux sinus se bouche, l’air ne peut plus entrer, les bactéries pullulent. En l’absence d’oxygène, les sinus s’infectent, c’est la sinusite aiguë. La douleur se localise au regard du sinus infecté, maxillaire ou frontal. Les sécrétions nasales deviennent blanches, ressemblent à du pus, signe d’une surinfection bactérienne. Lorsque le germe infectieux (virus ou bactérie) descend sur les bronches, c’est la bronchite aiguë. Cette inflammation de la muqueuse respiratoire s’accompagne de maux de tête, de fièvre, d’une toux grasse puis quinteuse, irritante. On quitte le domaine de pathologies hivernales bénignes qui guérissent seules. Avec une sinusite ou une bronchite, mieux vaut ne pas recourir à l’automédication aux résultats hasardeux. Pour en venir à bout, la consultation s’impose chez le généraliste, l’ORL voire le pneumologue. ◊ Traiter. La prise en charge de la sinusite aiguë débute par une antibiothérapie ciblant les agents infectieux, souvent associée à de la cortisone par voie générale, anti-inflammatoire primordial qui « réouvre » les sinus. Soit 8 jours de traitement sans déroger, complété localement par des soins décongestionnants et vasoconstricteurs dans le nez. Si la bronchite est virale – la majorité des cas – elle passe toute seule, mais pas le mal de tête ni la fièvre. Pour les atténuer, l’arsenal thérapeutique est le même que celui de la grippe. Si la bronchite est bactérienne, des antibiotiques sont prescrits. « Quant à la toux, elle ne doit jamais être stoppée quand elle est grasse, rappelle l’expert. Il faut même l’encourager pour se drainer et évacuer. Si les sécrétions ne peuvent remonter des poumons, elles bouchent les bronches qui se surinfectent. La toux irritante sera apaisée par des inhalations simples. Ou encore, si l’on ne s’en sort pas, par de la cortisone inhalée en spray qui agit directement sur l’inflammation des bronches.»À savoir : bronchiolite de l’enfant, une urgence
Cette bronchite particulière de l’enfant en bas âge, bien qu’impressionnante, ne nécessite pas systématiquement une hospitalisation. Comme elle ne relève pas de l’automédication, aux premiers symptômes, la consultation s’impose dans la journée chez le médecin ou le pédiatre. L’auscultation est nécessaire pour évaluer l’état de santé du petit et lui prescrire le traitement antidouleur et anti-inflammatoire en fonction de la sévérité. La bronchiolite débute par un rhume en apparence anodin, suivi par une toux sèche, une gêne respiratoire, des sifflements, signes que les bronches sont encombrées et envahies par l’infection. Cette maladie est le plus souvent transmise par le VRS (virus respiratoire syncytial). En agressant les plus petites bronches (bronchioles), il déclenche leur inflammation. Les sécrétions obstructives augmentent, ce qui peut conduire au spasme respiratoire à l’instar d’une crise d’asthme.
◊ Premier geste : Si un bronchospasme survient, que l’enfant ne peut pas respirer, direction l’hôpital sans tarder ou appel au SAMU. Pour autant, même si cette bronchite virale très contagieuse est fréquente en hiver (près de 30 % des enfants de moins de 2 ans sont atteints), elle se soigne à domicile. Seul 1% a besoin d’être hospitalisé : nourrisson fragile, prématuré, enfant atteint d’une maladie chronique, respiratoire ou d’une malformation cardiaque. Celui qui fait plusieurs bronchiolites est à surveiller car il risque de devenir asthmatique.
◊ Premier geste : Si un bronchospasme survient, que l’enfant ne peut pas respirer, direction l’hôpital sans tarder ou appel au SAMU. Pour autant, même si cette bronchite virale très contagieuse est fréquente en hiver (près de 30 % des enfants de moins de 2 ans sont atteints), elle se soigne à domicile. Seul 1% a besoin d’être hospitalisé : nourrisson fragile, prématuré, enfant atteint d’une maladie chronique, respiratoire ou d’une malformation cardiaque. Celui qui fait plusieurs bronchiolites est à surveiller car il risque de devenir asthmatique.