C’est au début du siècle dernier que le terme « schizophrénie » apparaît dans le lexique psychiatrique et rebaptise une des maladies mentales les plus sévères, la démence précoce. « Skhizô » et « phrên » signifiant respectivement « séparer » et « esprit » dans la langue d’Hippocrate, leur association ne pouvait pas mieux définir cette pathologie chronique qui déconnecte, par intermittence ou en continu selon le degré de gravité, de la réalité. Longtemps classée parmi les « énigmes du cerveau », il a fallu attendre les années 1960 et les progrès des neurosciences pour que la schizophrénie soit circonscrite autrement que par les électrochocs et la camisole de force.
Au cœur du cerveau
Quelle est l’influence de la génétique ou de l’hérédité dans le déséquilibre des neurotransmetteurs au cours du développement cérébral ?
Si aujourd’hui la science peine encore à identifier de manière précise le ou les responsables des anomalies anatomiques au niveau du cerveau, ses recherches lui permettent tout de même d’affirmer que pour qu’une schizophrénie se déclare – la plupart du temps à la période de l’adolescence –, il faut que le terrain biochimique l’y prédispose.
Facteurs déclencheurs
La schizophrénie est une maladie silencieuse qui peut rester en veille toute la vie ou se manifester sous l’effet de facteurs psychologiques et sociaux survenus pendant l’enfance et l’adolescence. Par exemple, on sait qu’une consommation précoce de cannabis ou un traumatisme physique ou émotionnel altère la communication entre les différentes régions du cerveau, creusant ainsi progressivement le lit de la schizophrénie.
Les maux qui parlent
Un épisode psychotique isolé ne présage pas forcément d’une schizophrénie chronique. On parle de « chronicité psychiatrique » lorsque les troubles (délires, hallucinations, désorganisation de la pensée et du comportement, etc.) durent plus de six mois. Mais le diagnostic reste difficile du fait de la diversité des symptômes qui peuvent faire penser à une dépression, un trouble anxieux sévère ou bipolaire.
Traitements au long cours
Si la pharmacopée ne permet pas de guérir de la schizophrénie, elle offre néanmoins l’accès à des traitements au long cours capables d’atténuer les symptômes. Les antipsychotiques se combinent à un suivi psychothérapeutique.
À condition de ne pas être interrompue, cette prise en charge globale permet aux patients d’avoir une vie sociale, professionnelle et affective.
Schizophrénie et démographie
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la schizophrénie touche environ 0,7 à 1 % de la population mondiale, dont plus de 600 000 personnes en France. Elle concerne aussi bien les femmes que les hommes et semble statistiquement plus fréquente chez les individus vivant en milieu urbain.